24 décembre 1840

24 décembre [1840], jeudi matin, 10 h.

Décidément, mon cher petit homme, vous êtes le plus absurde, le plus froid et le plus gelé des hommes. J’ai fait des rêves très longs, très tristes et très significatifs sur nous cette nuit. Si vous étiez venu cela n’aurait pas eu lieu et je serais très heureuse ce matin au lieu d’être très mécontente. J’ai bien envie de ne plus vous aimer, mais comme cela vous rendrait service et ne punirait que moi je persiste dans mon stupide amour. Heureusement que l’Acacadémie^a se chargera de me venger d’ici à quinze jours [1] en nommant Bonjour [2] à votre place. Ce sera très bien fait et j’en serai ravie pour ma part. QUEL BONHEUR !!!!!^b Taisez-vous et ne répliquez pas vous n’avez pas la parole, scélérat. Vous êtes-vous encore écorché les doigts, ce matin ? Avez-vous reprisé votre redingote^c avec de la cire à cacheter, brigand ? Oh ! vous êtes un très habile homme, je m’en fiche. Vous déchirez vos doigts, vous écorchez vos habits et vous abrutissez la femme qui vous adore à force d’ennui et d’impatience. Oui, oui, vous êtes un très habile homme, vous mériteriez d’être académicien^d.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16343, f. 267-268
Transcription de Chantal Brière

a) « « Accacadémie ».
b) Cinq points d’exclamation courent jusqu’au bout de la ligne.
c) « redingotte ».
d) « accadémicien ».