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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 juillet [1840], vendredi après-midi, 1 h. ½

Bonjour Toto, bonjour mon petit o. MÈNE-MOI CHEZ LA MÈRE PIERCEAU. Mène-moi chez la mère Pierceau. Mène-moi chez la mère Pierceau. Mène-moi chez la mère Pierceau. Mène-moi chez la mère Pierceau. Mène-moi chez la mère Pierceau. Mène-moi chez la mère Pierceau. Mène-moi chez la mère Pierceaua. MELFORT, MELFORT, DE LA TRISTE AMÉLIE GARDERAS-TU LE SOUVENIR ? [1] GARDERAS-TU LE SOUVENIR IRMIR ? GARDERAS-TU LE SOUVENIR IRNIR [2] ? Toto vous m’avez révélé une nouvelle romance ce matin, je voudrais savoir qui vous l’a apprise ? Je ne parle pas de la façon de la chanter qui est sublime et que personne que Dieu n’a pu vous enseigner mais je parle de la romance elle-même : – « Toi que j’aime plus que la vie, que je voudrais en vain ne plus chérir, MELFORT, MELFORT, etc. » Vous pensez bien que je ne suis pas la dupe du Melfort ci-inclus et que je sais bien que le vrai texte c’est : « VICTOR, VICTOR de la triste Amélie garderas-tu le souvenir ? Garderas-tu le souvenir ? » Il est évident que ce chant élégiaque conte quelque turpitude dont vous êtes le héros. Prenez garde que je ne découvre le pot aux roses vous aurez affaireb à moi. En attendant je vous prie de ne pas aller à Saint-Prix [3] aujourd’hui et de revenir le plus tôtc possible. Je ne vous tiens pas quitte de ma sortie. Vous pensez bien que ce n’est pas de m’enfermer pendant 2 h. dans une salle de spectacle, dans la loge la plus étouffée et la plus poussiéreuse de l’endroit que cela peut compter pour trois semaines de prison et de séquestration ? J’espérai qu’à l’occasion de votre fête vous m’auriez donné le plaisir de dîner avec vous sous quelque tonnelle de cabaret mais bast vous vous fichez bien de moi et de mon bonheur. Ça vous est bien égal ma foi, tout pour les autres et rien pour moi, voilà votre devise ainsi que celle à sa marraine Eugénie reconnaissante, moi la mienne est : Toto je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16343, f. 51-52
Transcription de Chantal Brière

a) Juliette répète huit fois la phrase en diminuant les caractères de son écriture comme une voix qui s’épuise.
b) « à faire ».
c) « plutôt ».

Notes

[1Le Pensionnat de jeunes demoiselles, opéra-comique de Picard et Vial, musique de Devienne, crée le 2 mars 1825, Acte I, scène VI. Extrait du deuxième couplet : « Toi que j’aime plus que ma vie, / Que je voudrais en vain ne plus chérir !/ Melfort ! Melfort ! de la triste Amélie/ As-tu gardé le souvenir ? »

[2Répétition chantante de la dernière syllabe.

[3La famille Hugo s’est installée au château de la Terrasse à Saint-Prix pour l’été.

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