Guernesey, 11 juin 1868, jeudi matin, 6 h.
Tu viens de me donner de la joie pour toute la matinée, mon cher adoré. Voilà plusieurs jours que notre lever coïncide et que nous échangeons un tendre bonjour à travers l’espace. Cependant je crains que cette juxtaposition de notre réveil ne se fasse aux dépensa de ta nuit puisque d’ordinaire tu te lèves beaucoup plus tôt. Dussé-jeb n’avoir jamais la chance de te voir le matin, je souhaite que tu dormes tout d’un trait et à poings fermésc jusqu’au lever du soleil qui est le tien aussi. Comment te remercier de m’avoir laissé ton cher petit Georges jusqu’à ce que ton bon Charles m’en envoie un à moi destiné [1] ? Je ne peux pas t’en aimer davantage parce que cela n’est pas possible mais j’en suis profondément attendrie et reconnaissante et je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 162
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « au dépend ».
b) « dussai-je ».
c) « à poing fermé ».