9 juin 1840

10 juin 1840

9 juin [1840], mardi après-midi, 3 h.

Nous sommes prêtes, et archi-prêtes, mon amoureux, nous n’attendons plus que vous dans la demi^a-heure de grâce qui va s’écouler, après n-i ni c’est fini [1] je déshabille Claire et moi et nous restons chez nous depuis un bout de la journée jusqu’à l’autre. Du reste j’espère que si tu nous fais sortir il pleuvra à torrents comme d’habitude les jours où par hasard tu consens à me faire prendre l’air. Mais je consens à ce que ce ne soit pas ta faute et je ne te rendrai pas responsable des diverses cataractes qui vont nous crever sur la bosse. Tâche de venir et de venir très tôt et je te tiens quitte du reste. J’espère qu’on n’est pas plus raisonnable ? Baisez-moi Toto vous êtes très {i} même avec votre barbe et le marbre des nymphes et des déesses ne sera pas assez dur pour résister À VOS CHARMES. Voime, voime.
Ici j’ai été interrompue par le vitrier de la Gérard qui est venu chercher son acompte croyant que c’était aujourd’hui le 10. Heureusement pour lui que j’avais de quoi le payer, je lui ai donné ses^b 40 f. et il est parti avec cela plus l’avertissement de ne venir dorénavant que le 10 sous peine de faire deux fois la course et voilà. Voilà aussi votre demi^a-heure révolue et vous n’êtes pas encore à votre réplique. Vous allez manquer votre entrée comme toujours et comme toujours j’enragerai, je souffrirai et je vous pardonnerai, et je vous aimerai, et vous recommencerez et moi aussi jusqu’à la consommation de nos SIÈCLES. Baisez-moi mon Toto. Je vois bien que vous ne viendrez pas et je suis triste comme un vieux bonnet de nuit. Mais je vous aime de tout mon cœur et de toute mon âme.