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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 juillet [1851], mercredi matin, 9 h. ½

Bonjour mon petit homme, bonjour. J’ai passé sous tes croisées deux fois depuis ce matin en allant et en revenant du bain. La seconde fois ta persienne était ouverte mais tes rideaux fermés. Cela ne m’a pas empêchée d’entrer et de te baiser avec indiscrétion dans les endroits les plus secrets partout et ailleurs. J’y serais encore si je n’avais pas craint de ses baisers et de son âme. Tu en serais imprégné et régénéré depuis longtemps déjà par les miens. Le bon Dieu n’a pas permis cette contrefaçon, redoutant peut-être la concurrence pour son soleil capricieux et sa température maussade. Il a peut-être raison mais c’est lâche.
Avec tout cela tu ne sais pas encore si tu parleras, ce qui ne t’empêche pas de travailler et de te préparer à la lutte coûte que coûte et sans tenir compte de ta pauvre gorge malade. J’avoue que si cela dépendait de moi je t’inspirerais moins de dévouement pour le pays et plus de sollicitude pour ta santé. J’aimerais mieux moins de DÉVOUEMENT pour la RÉPUBLIQUE et quelque peu d’égoïsme pour ta conservation personnelle, mais tout ce que je dis là est parfaitement inutile et ce que j’ai de mieux à faire puisque tu t’en fais un devoir et le premier de tous, c’est de désirer que tu parles et supplier le bon Dieu de ne pas te faire payer trop cher ton dévouement aux choses de ce monde, c’est de t’aimer comme un martyr que tu es, c’est de t’admirer et de baiser tes pieds.

Juliette

MVHP, Mss, a 9142
Transcription de Florence Naugrette

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