16 mars 1868

Guernesey, 16 mars 1868, lundi, 7 h. du matin

Bonjour, mon grand petit homme, bonjour, comment ta nuit ? Bonne comme la mienne je l’espère. Que dis-tu du temps ce matin ? Pas plus de soleil que sur la main mais, en revanche, une pluie fine et serrée à couper au couteau. Ce n’est pas une raison pour qu’il ne fasse pas beau tantôt. Aussi je vais faire des pieds et des mains pour être prête à sortir si le ciel le permet, avec toi, bien entendu, car il ne me viendra jamais à l’idée de sortir sans toi tant que tu voudras bien m’emmener bras dessus, bras dessous partout où il te plaira. Ma vie, ma joie, mon bonheur, c’est toi, toi, toi. Je te fais souvenir qu’il est temps de payer M^me Nicolle et je te promets de ne plus rien acheter chez elle à l’avenir parce que, outre l’inconvénient que tu m’as signalé avec raison, il y a l’incommodité du paiement à distance qui est fort ennuyeux. Je te demande pardon pour cette fois encore en baisant tes quatre petites pattes blanches.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 77
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette