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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 mai 1839

9 mai [1839], jeudi matin, 9 h. ¾

Bonjour, mon petit homme. Vous persistez toujours dans votre système ? Comme vous voudrez, mon amour. Cette nuit je tombais de sommeil sans savoir pourquoi ou plutôt en sachant très bien pourquoi et le motif que vous connaissez aussi bien que moi aurait dû vous faire venir si vous aviez eu du cœur au ventre. Il paraît que sournoisement cette nuit, au moment de partir, vous avez changé votre zolie petite allumette contre un pieua capable de servir de VERROU à une bastille ? Je vous en fais mon compliment, c’est très spirituel. La bonne s’est aperçueb tout à l’heure de la chose et m’a demandé pourquoi vous laissiez toujours tomber des allumettes à la porte ; pour l’obliger je lui ai donné une raison quelconque qui lui a paruc satisfaisante. À propos, j’ai essayé de relire les fameux vers en l’honneur des avocats et autres du même tonneau, je n’y ai que médiocrement réussi, il faudra que vous me redonniez une leçon. Je vous aime Toto, je vous adore, mon petit Toto, mais pourquoi ne venez-vous pas ? Ce soir, peut-être, il ne sera plus temps et une BANDE sur l’AFFICHE de consolation vous apprendra qu’il y a RELÂCHE.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 143-144
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « pieux ».
b) « apperçu ».
c) « parue ».


9 mai [1839], jeudi soir, 9 h. ¾

Merci, cher adoré de mon âme, merci du bonheur que tu m’as donné aujourd’hui, il y a bien longtemps que je le désirais et que je l’attendais, merci, merci, merci, merci. Cette petite promenade m’a rajeunie de six ans. Et si ton pauvre père peut voir ce qui se passe dans mon cœur, il doit m’aimer et me bénir pour l’amour vrai et pour la vénération profonde que j’ai pour toute ta personne adorée. Je t’écris un peu tard, mon chéri, parce que j’ai lavé et récuré les deux charmantes petites coquilles que tu m’as données, elles sont encore plus jolies que je ne le pensais et j’en suis ravie. Si tu viens, comme je le désire et comme je l’espère, demain déjeuner, on te donnera ton beurre et tes radis dedans. La petite Bensancenot m’a apporté un second bouquet de son jardin, ce qui joint à celui que j’ai déjà…
Vous savez mon amour ce qui devait suivre de ma phrase commencée quand vous êtes entré mais ce que vous savez encore mieux et que je vous répèterai cependant jusqu’à la fin de ma vie, c’est que je vous adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 145-146
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

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