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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 avril [1839], vendredi midi

Bonjour mon [petit homme  ?] chéri, bonjour mon adoré. Bonjour, je t’aime. Quel être ravissant et sublime vous êtes, mon Toto. Si je ne vous aimais pas d’amour, je vous admirerais comme la plus belle merveille du monde. Ce que j’ai entendu cette nuit me stupéfiea. Je me trouve bête de dire ça. J’aime mieux te dire que je t’aime. J’ai trop d’amour pour avoir le sens commun, et puis d’ailleurs je ne connais personne qui puisse louer dignement les admirables vers que tu as eu la bonté de me dire cette nuit, si ce n’est toi. C’était bien beau, mon Toto, et il me semblait que Dieu était descendu en moi pour t’écouter tant les facultésb de ma vie s’étaient agrandies pour t’entendre, pour te comprendre, pour t’admirer et pour t’adorer. Ne te moque pas de moi, mon pauvre ange, si tout ce que je veux dire n’est pas ce que je dis. Je sens que je t’aime d’un amour divin et je ne trouve que des paroles insignifiantes ou ridicules pour l’exprimer, c’est pas de ma faute.
Comment vas-tu ce matin, mon chéri, comment vont tes yeux bien-aimés ? Tu n’es pas venu cette nuit, cependant tu aurais besoin de repos autant que moi de bonheur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 95-96
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) Une phrase a été biffée.
b) « facultées ».


26 avril [1839], vendredi soir, 6 h. ½

Je vous ai entrevu aujourd’hui, mon Toto, et ce n’est pas assez. Je vous désire plus que jamais. Je vous dirai pour nouvelle ravissante que j’ai acheté pour cinquante-six sous de bois et qu’il y en a tout au plus pour la dent creuse de ma cheminée. Ceci combiné avec l’absence d’appointements fait très bien dans notre paysage printaniera. S’il ne s’agissait pas de vos pauvres yeux, je m’en ficherais comme de deux œufs mais c’est que ce sera à la lumière de vos yeux adorés que je me chaufferai et j’aime mieux souffler dans mes doigts que de brûler vos beaux yeux par les deux bouts. J’en ai d’ailleurs besoin pour éclairer et illuminer mon âme jusqu’à la fin de mes jours.
Je n’ai pas envoyé acheter votre petite brosse à peigner parce que mon bois m’a ruiné. Quant à la petite glace, j’attends M. Bensancenot. Vous saurez, mon Toto, que votre cocotte s’humanise et qu’elle se façonne à vue d’œil grâce à l’heureux nom dont vous l’avez baptisée et qui exerce sa DOUCE influence sur son caractère. Jour mon petit o. Je vous aime. Quand donc me mènerez-vous à Léo Burckart [1] ? Et quand donc déjeunerons-nous ensemble ? Est-ce que vous serez encore un mois sans me donner signe de vie ? Je vous préviens que je vous aime et que je [vous veux  ?]

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 97-98
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « printannier ».

Notes

[1Pièce d’Alexandre Dumas et Gérard de Nerval jouée à la Porte St Martin depuis le 16 avril.

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