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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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14 avril [1839], dimanche après-midi, 4 h. ½

Je suis bien grognon, mon Toto, mais je suis aussi bien souffrante.
Je ne peux tenir ma tête nulle part, tout me fait mal : décidément je deviensa de jour en jour plus patraque et je commence à croire que vous feriez très bien de vous précautionner d’une Juju de rechange. Hum ! Que je vous voieb, vieux vilain, je vous donnerai de fameuses giffes. Je veux que vous me gardiez laide et vieille sans me changer, c’est bien le moins puisque c’est vous qui m’avez usée. Cependant je reconnais que j’ai été bien absurde cette nuit et je m’en veux de mes avanies comme si c’était ma faute. Si vous ne me donnez pas dès ce soir l’occasion de prendre ma revanche je vous en voudrais tout à fait. Il n’est pas juste que vous ne veniez jamais qu’une fois tous les huit jours et précisément celui où Mme Pierceau vient. Si c’est le hasard, il est bien tenace, si c’est par taquinerie, c’est bien méchant car rien ne m’est plus odieux que la nécessité de me séparer de vous pour une raison quelconque. Vous m’avez promis de revenir très tôt, mon Toto, nous verrons si vous tiendrez votre promesse. En attendant je n’ai que le temps de me passer un peu d’eau sur la figure et les mains et encore je ne sais pas si j’en viendrai à bout avec tout ce que j’ai à faire. Je ne sais pas si cette pauvre vieille fille, mon ancienne camarade de [volant  ?] et de [pinceau  ?], viendra mais je n’oserai pas la faire rester à dîner dans la crainte de te déplaire. Avant tout et même avant mes scrupules de conscience, mon amour passe, ainsi mon Toto, soyez tranquille à cet endroit-là : je ne l’attirerai pas chez moi pour ne pas vous déplaire. Je t’aime. Mon bon ange, tu es ma vie et ma joie, tu es mon âme, mon soleil et mon ciel. Je ne veux apprendre l’astronomie que dans vos yeux et la théorie de la lune que sur vos joues secrètes. Vous savez d’ailleurs bien que ce monsieur en a [illis.] [illis.] d’Apollonc vaincu et [illis.]. Et je vous aime. Si je suis plus [illis.] qu’à l’ordinaire, pardonne-moid, c’est que je souffre plus.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 51-52
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « viens ».
b) « voye ».
c) « Appollon ».
d) « pardonnes moi ».

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