11 août 1881

Paris, 11 août 1881, jeudi matin, 9 h.

Cela ne me console pas, mon grand bien-aimé, que nous ayons passé tous les deux une fichue nuit, au contraire, parce que la mienne se double de la tienne sans aucune compensation. Encore si la pauvre M^me Lockroy allait mieux, mais, loin de là, car ses souffrances^a, loin de diminuer, semblent^b plutôt augmenter. On attend tantôt en consultation le médecin spécialiste. Puisse-t-il apporter un secours efficace à ces cruels bobos. En attendant, la maisonnée tout entière s’attriste de voir cette jeune femme souffrir sans atténuation depuis douze jours.
Je crois que tu ferais un grand plaisir à tes deux enfants si tu leur donnais les deux billets roses pour l’entrée de l’exposition de l’électricité qui a lieu aujourd’hui à partir de midi [1]. Ils m’ont prié de te le demander, ce que je fais de tout mon cœur avec l’espoir que tu accèderas à leur désir avec bonheur. Je t’embrasse corps, cœur et âme de toutes les forces de mon amour.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16402, f. 184
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « souffrance ».
b) « semble ».