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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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11 mars 1838

11 mars [1838], dimanche midi ¼

Bonjour mon grand bien-aimé, bonjour, toi, le plus beau et le plus grand de tous. Je ne sais pas bien, moi, parler comme les hommes qui te disent de si belles choses et si vraies, mais je sens bien au fond de l’âme que je t’admire et que je t’aime mieux que tout le monde. Avec tout cela je suis triste, je suis découragée, je vois que tu n’as pas confiance dans mon intelligence, je vois que mes dernières années s’en vont sans en avoir tiré ce qu’elles contenaient, un état et une ressource pour l’avenir. Je ne t’en veux pas, ce n’est pas ta faute si tu es prévenu contre moi au point de me laisser sans regret perdre mes dernières belles années. Il est possible d’ailleurs que le désir que j’ai de me faire un état indépendant, que le besoin d’être avec toi et toujours me fassenta illusion au point de croire que j’ai en moi un grand talent qui ne demande qu’à sortir. Toujours est-il que je suis au désespoir et que je t’aime plus que jamais. Vous êtes bien beau aux yeux, mon adoré, vous êtes bien grand à l’esprit, mon Victor, et cependant j’ose vous aimer car mon amour est aussi vrai que votre beauté et aussi grand que votre génie. Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 146-147
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain
[Guimbaud]

a) « fasse ».

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