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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 juillet [1836], dimanche après-midi, 3 h. ½

Mon cher bijou adoré, depuis que vous m’avez quittéea j’ai peignéb et lavéc Claire depuis le haut jusqu’en bas, je l’ai habillée, je viens de recevoir aussi la visite de Jourdain. J’ai profité de sa venue pour lui demander une cardeuse de matelas, elle viendra samedi prochain. Si tout cela ne vous intéresse pas vous avez tort, car tout ce que j’ai fait, tout ce que j’ai dit, j’ai pensé à vous en le disant ou en le faisant.
Mon Toto je t’aime, mon Toto tu es beau, mon Victor tu es noble, mon adoré tu es grand, mon amour vous êtes ma vie et ma religion.
Cher bien-aimé tu auras bien mauvais temps si tu travailles, il pleut sans cesse, il fait froid. Moi j’ai toujours un grandissime mal de tête que j’attribue à ce désordre dans la température. Il est vrai que lorsqu’il faisait très beau j’avais encore mal à la tête, ce qui fait que je ne sais à quoi m’en tenir sur mes observations météorologiques. Il n’y a qu’une chose au monde dont je sois tout à fait sûre, c’est que je t’aime plus que tout plus que ma vie.
Cher bien-aimé sois bien tranquille, je pense à toi dans tout ce que je fais, dans tout ce que je dis, je t’ai en vued et pour but. Tâche de venir parce que toi c’est le bonheur c’est le soleil c’est la lumière.

Juliette

BNF, Mss, NAF 16327, f. 174-175
Transcription de Nicole Savy

a) « quitté ».
b) « peignée ».
c) « lavée ».
d) « vu ».


24 juillet [1836], dimanche soir, 8 h. ½

J’ai auprès de moi Mme Pierceau et son petit garçon. Elle a dîné avec moi et je l’ai priée de me laissera t’écrire parce que j’avais tout plein mon cœur d’amour que je voulais te donner. Cher ange pensez-vous un peu à moi, m’aimez-vous un peu et me désirez-vous un brin ? Moi je ne perds pas une seconde, je vous aime sans interruption, je vous désire de toute mon âme et de toutes mes forces. Si vous venez ce soir mon cher amour je serai bien gentille parce que je serai bien heureuse. Si vous ne venez pas je serai triste mais je vous aimerai tout de même de tout mon cœur.
J’espère mon petit chéri que ton pied va mieux et que tu auras pris soin de ne pas attraper froid. Car il a fait vraiment une journée d’hiver. Aujourd’hui j’aurais été tout à fait morose si Mme Pierceau n’était pas venue à qui j’ai pu parler de notre voyage et de toi de mon amour surtout. Cela m’a fait un certain plaisir dont je lui suis très reconnaissante.
Mon cher Toto mon pauvre petit bien-aimé tâche de venir ce soir parce que cela me rendra très heureuse.

Juliette

BNF, mss, NAF 16327, f. 176-177
Transcription de Nicole Savy

a) « laissé ».

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