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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 26 décembre [18]63, samedi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon doux bien-aimé, bonjour. Je crains que tu n’aies passé une mauvaise nuit car ta fenêtre reste close et rien ne remue à l’intérieur. Si cela est, mon pauvre petit homme, tu fais bien de rester au lit pour rattrapera un peu de sommeil si c’est possible. Quant à moi j’ai très bien dormi toute la nuit et mon rhume se dissipe peu à peu sans me faire souffrir. Voilà un vent qui, s’ilb continue, ne permettra pas à ma sœur de partir mardi prochain comme elle le désirait. Mais d’ici là le temps a le TEMPS de changer bien souvent de vent, de pluie, de brouillard et d’opinion. L’important pour elle et pour moi est qu’elle parte quand il lui conviendra. J’ai fait de mon mieux, mon bouleversement de maison étant donné, pour la bien recevoir et lui prouver mon amitié et l’estime que j’ai pour son excellent mari, le reste n’a pas dépendu de moi et ne peut pas m’être reproché. Tâche de penser à m’apporter de la copie et du manuscrit pour tantôt, mon cher petit homme, autrement ce serait un après-midi perdu et nous avançons si lentement avec les jours courts que ce serait vraiment fâcheux de perdre une minute. Je te dis cela comme si cet avertissement pouvait être utile tandis que tu ne le liras que longtemps après que je te le donne. Mais c’est égal, je n’en persiste pas moins à faire la mouche du coche même quand mon bourdonnement ne peut pas être entendu. Tu paraissais fatigué hier au soir, mon cher bien-aimé, et si tu as peu ou mal dormi qu’est-ce que ce doit être ce matin ? Tu viens d’ouvrir ta fenêtre mais cela ne me dit pas dans quel état de santé tu te trouves et en attendant que tu viennes baigner tes yeux je t’aime pour éloigner tout mal de toi, je te souris pour t’égayer un peu, je te bénis pour que tu sentes la présence de mon âme en adoration devant toi.

J.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 293
Transcription de Gérard Pouchain


a) « rattrapper ».
b) « si il ».

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