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Guernesey, 25 novembre [18]63, mercredi matin, 8 h

Bonjour, mon doux adoré, bonjour, mon bien-aimé vénéré, bonjour, mon généreux sublime, bonjour, que Dieu te bénisse dans tout ce qui fait en ce moment ta tristesse et ton inquiétude. Puisses^a-tu être bientôt délivré de tous les soucis et de toutes les épreuves auxquels tu es en proie depuis trop longtemps. Je le demande à Dieu de toute la force de mon amour. Ma sœur qui entre me dit qu’elle reste avec moi jusqu’à la crémaillère. Il va donc falloir que je m’occupe dès aujourd’hui de son installation dans le look-out^b. Je dis dès aujourd’hui pour ne pas recommencer demain une semaine de location avec Fuzzey le brocanteur sans compter un peu de peine économisée tous les jours à Suzanne quand^c elle va faire la chambre de ma sœur hors de la maison. Tu m’enverras donc ton lit en fer tantôt si cela ne te dérange pas trop d’en donner l’ordre à tes domestiques. En attendant, mon cher petit homme, je t’aime avec ce que j’ai de meilleur, de plus tendre et de plus pur en moi. Je te souris avec des larmes d’attendrissement. Je voudrais pouvoir baiser tes pieds devant tous les autres hommes comme du plus saint de saints. Cher, cher adoré, quelle radieuse surprise pour moi quand tu pourras voir mon âme telle que mon amour l’a faite. Je suis sûre qu’aucune autre beauté ne pourra lui être comparée.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 263
Transcription de Gérard Pouchain

a) « puisse ».
b) « lucoot ».
c) « Phusey ».
d) « quant ».