24 novembre 1863

Guernesey, 24 novembre [18]63, mardi matin, 8 h.

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour et amour averse comme le temps de ce matin. Bonjour, prends garde de laisser entrer les rhumes et les rhumatismes par ta fenêtre ouverte. Comment as-tu passé la nuit, mon cher petit homme ? Mieux que moi, je l’espère, qui n’ai pas dormi de la nuit sans souffrir d’autres choses^a que de l’insomnie et de l’agitation qu’elle cause à tout le système nerveux. Du reste il me serait bien difficile d’expliquer cette nuit blanche par rien de rien de ma faute mais je crois que le temps n’est peut-être pas aussi innocent que moi. Je lui pardonne, telle est ma grandeur à la condition qu’il aura respecté ton sommeil. À propos de sommeil je te fais souvenir que j’en suis à la dernière feuille de ce papier blanc et que si tu ne m’en apportes pas séante tenante je serai forcée d’en acheter ou d’accrocher ma restitus au clou de l’oubli, ce qui ne me ferait pas rire. En attendant, mon papier présent fait comme les souliers de navet, il boit toute^b l’ENCRE et je doute que tu puisses y rien reconnaître mais cela ne m’arrête pas, AU CONTRAIRE. Pourvu que je t’aie donné mon cœur je ne m’occupe pas sous quelle forme ni dans quelle langue, les savants comme toi étant faits^c pour déchiffrer les hiéroglyphes.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 262
Transcription de Gérard Pouchain

a) « autres chose ».
b) « tout ».
c) « fait ».