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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 14 novembre [18]63, samedi, 1 h. après-midi

Je suis toute désheurée, mon cher bien-aimé, et cela ne peut pas être autrement avec le nouveau personnel que j’ai depuis trois jours chez moi [1]. Ajoutes-y les préoccupationsa tristes que tu me crées sans que je puisse m’en défendre car il ne suffit pas que tu passes l’épongeb sur des soupçons injustes pour qu’ils s’effacentc de ma pensée avec la même facilité. Cette nuit j’ai très peu et très mal dormi ce qui ne serait rien si de ton côté tu n’avais pas été en proie à la même insomnie. Dieu me punit de trop t’aimer mais je ne voudrais pas aux prix de toutes les douleurs et tous les bonheurs t’aimer moins. J’ai l’âme triste ce matin mais mon cœur déborde d’amour comme dans la plus grande joie. Cher, cher et sublime adoré, ne te défie jamais de moi en tant que fidélité et que probité car ce sont les deux vertus qui me sont les plus faciles. Je ne t’aimerais pas du tout que je les aurais au même degré. Je voudrais pouvoir te montrer ma conscience à nu pour t’en convaincre. Cela arrivera le jour où nous ne serons plus que deux âmes tous les deux. Ce jour-là tu me rendras la justice que je mérite. En attendant je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 253
Transcription de Gérard Pouchain

a) « préocupations ».
b) « l’éponges ».
c) « elles s’effacent ».

Notes

[1« Explication avec la nouvelle servante de JJ., Émilie. Elle repartira mardi pour Brest. » (Agenda de Victor Hugo, 14 novembre 1863)

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