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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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6 mars 1836

6 mars [1836], dimanche, 1 h. ½ après midi

Quoique n’ayant presque pas dormi de la nuit, et m’étant levée de très bonne heure, je ne t’ai pas écrit plus tôt parce que j’avais le cœur gonflé de tristesse que je ne voulais pas te faire partager ; maintenant je suis plus calme et plus seule avec mon amour. J’en profite pour te remercier de tout ce que tu as fait et dit hier dans une circonstance bien triste. Va, je n’oublierai jamais ta noble conduite et toutes tes adorables paroles, elles vivront tant que l’âme vivra.
Je t’aime mon Victor chéri ; il m’arrive souvent de me plaindre à toi des malheurs qui attristent ma vie, et mes plaintes ont quelquefois l’accent du reproche, mais c’est que je suis folle et méchante à force de souffrir, car jamais femme n’a trouvé un cœur plus noble, un homme plus dévoué que tu ne l’es pour mes fautes passées et les malheurs qui en sont le résultat.
Je t’aime mon Toto chéri, je t’aime. Je ne suis pas ingrate ni insensée, je me souviens de tout ce que tu as fait pour moi et je vois où tendent tes généreux efforts. A bientôt mon pauvre ange, tu me trouveras la figure bien renversée, mais ne t’en inquiète pas, je t’aime, je vais bien et j’ai foi en toi.

Ta Juju.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 169-170
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa
[Souchon]


6 mars [1836], dimanche soir, 8 h. ½

BONJOUR. FI, QUE J’AURAIS HONTE ! C’EST BEAU CE QUE VOUS AVEZ FAIT LÀ !
Cher petit homme chéri, vous avez été bien méchant ce soir, mais je te pardonne malheureux enfant. Ah çà, au fait, moi, je ne me paie pas de la... raison que vous m’avez donnée ce soir. Il m’en faut une autre. Arrangez-vous comme vous pourrez mais il m’en faut une autre, de raison. Ou bien je me fâche et je vous joue D’UN TOUR. Maintenant je recommence à monter sur ma bête ; je suis un peu plus bonne et un peu plus geaie qu’hier et que tantôt. Et si tu étais auprès de moi à présent, je serais la plus heureuse de toutes les femmes des cinq parties du monde.
Cher petit ange chéri, je pense sérieusement que le malheur que j’ai commis sans m’en apercevoir n’aura pas les fâcheuses conséquences que celles que tu craignais d’abord. Ainsi mon petit Toto adoré, n’aie aucune crainte, tâche de venir demain m’aider et j’en aurai grand besoin. Et puis fais tout ton possible pour venir tôt ce soir. Nous avons un CHAPELET À DÉBROUILLER ENSEMBLE.

J.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 171-172
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

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