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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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19 juin 1855

Jersey, 19 juin 1855, mardi matin, 9 h.

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour, mon pauvre petit canard, bonjour. Je t’ai suivi des yeux sous l’averse hier au soir et j’aurais voulu pouvoir boire les torrents d’eau qui tombaient sur toi avec une furie enragée et te préserver d’un rhume imminent ; mais il n’y avait aucun moyen de te faire arriver SEC et sauf chez toi par la seule force de la volonté et de la tendresse du cœur. Aussi je t’ai regardé partir avec regret et avec inquiétude bien longtemps encore après que tu avais disparu. J’espère que tu auras trouvé moyen de te sécher et de ne pas garder sur toi tes habits ruisselants. Je me suis couchée à neuf heures, n’ayant rien de mieux à faire puisque je ne t’attendais pas. Aussi je suis levée depuis six heures et j’ai déjà déjeunéa et fait une partie de mes triquemaques. S’il faisait assez beau tantôt, j’irai à la ville faire mes provisions indispensables. De ton côté, tu ferais bien d’aller voir Mme Charrassin puisqu’il est convenu que mous ne devons pas y aller ensemble. Et puis je t’aime, mon Victor adoré, et tout ce qui n’est pas toi m’ennuie et me fatigue. Je n’ai de plaisir et de joie qu’avec toi. Tu es ma vie absolue. Je respire en toi, je crois en toi et j’espère avec toi, en la bonté ineffable et infinie de Dieu.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16376, f. 255-256
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa

a) « déjeuner ».

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