23 juin 1862

Guernesey, 23 juin 1862, lundi matin, 7 h. ¾

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour qu’on vous dit à tu et à toi, à feu et à sang, bonjour. Il me semble que vous avez fait une fameuse station dans votre salon hier au soir car il était près de onze heures et votre chandelle n’avait pas encore paru à votre vitre. Du reste je t’approuve, mon adoré, surtout si tu ne m’as fait aucune trahison d’aucun côté : ni par les yeux, ni par la bouche, ni par la pensée, ni par le cœur. Quant à moi, je me suis couchée après t’avoir envoyé un dernier baiser dans le brun de la nuit puis j’ai dormi comme un NOIR et me voilà t’aimant comme un nègre dès le matin.
Cher petit homme, je te souris parce que je suppose que tu as passé une bonne nuit, que tu te portes bien et que tu m’aimes. Moi, je te bénis.

BNF, Mss, NAF 16383, f. 161
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa