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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 30 décembre 1861, lundi matin, 8 h.

Bonjour, mon cher petit matinal, bonjour mon grand courageux, bonjour. Pendant que tu secoues tes zardes, que tu mets ton lit à l’air, que tu épouilles nos copies, que tu sarcles nos pataquès et que tu fauches nos virgules, moi je me goberge dans mon lit, attendant que le feu de la cuisine soit allumé et que mon déjeûner soit prêt. Je me délecte dans la chaudeur de mon lit et je ronronne délicieusement dans la partie virginale de votre livre que je ne connais pas et que vous avez la fatuité de croire inintelligible pour votre servante. J’en suis fâchée pour votre prétention à la serrure Fichet [illis.] mais mon esprit, OUI, MON ESPRIT est entré tout de go dans votre monument philosophique. Attrapéa ! Cela vous apprendra à allumer votre vessie dans la lanterne sourde [1] du socialisme. Du reste je vous demande pardon de mon indiscrétion. Une autre fois cela ne m’arrivera plus probablement car les yeux de mon intelligence sont en aussi mauvais état que les yeux de ma tête. Mais cela m’est égal puisque je peux vous aimer aveuglément et que je vous adore de confiance partout et toujours nuit et jour, au-dedans et au-dehors de moi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16382, f. 194
Transcription de Florence Naugrette

a) « Attrappé ».

Notes

[1Lanterne sourde : lanterne dont certaines parois, opaques, permettent au porteur de s’éclairer sans être repéré.

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