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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 21 avril 1862, lundi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour avec tous les sourires que je n’ai pas pu te donner hier au soir, accablée que j’étais par une torpeur générale et douloureuse. Ce matin encore, quoique j’aie très bien dormi, j’éprouve un malaise répandu dans tout mon être qui m’ôte toute liberté d’esprit et qui paralyse tous mes mouvements. Heureusement qu’on n’a pas besoin de s’agiter ni d’avoir de l’esprit pour aimer ; la preuve, c’est que je t’aime ce matin comme si mon cœur n’avait que vingt ans et que mon âme a les mêmes battements d’ailes que le premier jour où je me suis donnée à toi. J’espère que de ton côté tu as bien dormi, que tu te portes bien malgré ton excessive fatigue. Pauvre bien-aimé, je m’en veux d’être si nulle et si maladroite pour les choses qui pourraient te rendre service. Mais ce n’est pas de ma faute et ma bonne volonté est plus que stimulée par mon amour. Mais rien ne supplée à l’incapacité chronique, tu en fais chaque jour et de plus en plus l’expérience. Tout à l’heure, j’essaierai encore de démêler quelque chose à tes épreuves ; si je n’y parviens pas, c’est que cela m’aura été tout à fait impossible. En attendant, mon cher petit homme, j’en reviens toujours à MON MOUTON et je finis comme j’ai commencé en t’aimant TOUT PLEIN MOI et en te bénissant de toute mon âme. Sois heureux et glorieux autant que je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16383, f. 100
Transcription de Julia Wahl assistée de Florence Naugrette

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