10 mars 1862

Guernesey, 10 mars 1862, lundi matin, 8 h.

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour et puisses-tu avoir passé une bonne bonne nuit et ne pas être malade ce matin. Jusqu’à présent, tu n’as pas encore ouvert ta fenêtre malgré les sollicitations du soleil, mais j’espère que cela ne veut rien dire CONTRE ta santé, ni contre ta nuit ? Quant à moi, mon doux adoré, je continue mes bonnes nuits et ma bonne santé malgré les pilules^a et la magnésie et, pour te le prouver, je me tiendrai prête à 1 h. dans le cas où tu voudrais sortir avec moi à cette heure-là. À mon tour, c’est moi qui vous mets en DEMEURE de promenade. Nous verrons comment vous vous en tirerez. En attendant, il ne faut pas que je perde de temps pour n’avoir plus qu’à recevoir M^me Chenay quand je rentrerai. Une chose que je te demanderai, ce sera de me mener acheter des souliers et diverses choses dont j’ai besoin telles^b que brosse à dents^c, décrassoir, démêloir et PANTOUFLE^d. Si ce n’est pas aujourd’hui, que ce soit le plus tôt possible parce que j’en ai un vrai besoin. Un autre besoin qui prime tous les autres, mon pauvre adoré, ce serait de savoir comment tu as passé la nuit et comment tu te trouves de ta santé. Tu étais ou, du moins, tu te disais très bien en me quittant hier au soir. Mais cet accès de fièvre si fort et sans cause connue de la nuit précédente me trouble et m’inquiète un peu. Je voudrais déjà t’avoir revu pour être sûre qu’il n’y en a plus aucune trace et que tu te portes comme je t’aime, c’est-à-dire de toutes tes forces.

Bnf, Mss, NAF 16383, f. 62
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette

a) « pilulles ».
b) « tels ».
c) « dent ».
d) « PANTOUFFLE ».