9 juillet 1882

Paris, 9 juillet 1882, dimanche matin, 6 h. ½

Cher bien-aimé, ne pouvant pas dormir je suis venue me réfugier ici pour y utiliser mon insomnie à commencer par ma chère petite restitus qui me sort du cœur tout d’abord. J’espère que de ton côté tu emploieras ta matinée à un bon somme et à de doux rêves auxquels mon âme sourit d’avance. J’ai ouvert la mystérieuse petite boîte venue de Modane par la poste hier. Elle contient la médaille-portrait commémorative de Garibaldi en argent et qui t’est dédiée en toutes lettres^a sur le revers de la médaille, le tout dans un fin écrin en satin noir fermé en argent et sur le dessus de l’écrin tes initiales : V. H. en argent. Il faudra que tu accuses réception de ce précieux et pieux souvenir ainsi que de deux grandes gravures qui représentent sur son lit de mort Garibaldi et son apothéose parmi les grandes âmes du ciel italien. Tu liras aussi une lettre très touchante de Bergerat à propos de la naissance de sa fille, petite-fille de Théophile Gautier. Lesclide viendra probablement tantôt tu pourras l’utiliser à ouvrir tes lettres et à répondre à toutes celles qui ne demandent pas que tu prennes cette peine toi-même ; et puis je t’adore depuis un bout à l’autre de ma vie.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16403, f. 132
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « en toute lettre ».