5 juillet 1882

Paris, 5 juillet 1882, mercredi matin, 8 h. ½

Ouf ! Il était temps que la pluie tombât^a sous peine de claquer moi-même comme un pauvre vieux chien. Heureusement que l’autre vieux, Médard, est venu avec son arrosoir, ce qui m’a sauvé la vie, probablement, comme disait feu M. Bertin. Toujours est-il que je recommence à respirer et à me mouvoir. Autre guitare, on vient de m’apporter douze chemises de flanelle et douze chemises peignoirs dont le besoin se faisait sentir depuis très longtemps [1]. J’ai dû renvoyer la facture qui était acquittée mais en voici le montant
douze chemises flanelle………………….. 192 F.
douze chemises peignoirs blanchies à neuf 156 F.
Total…………………………............... 348 F.
Je te serai obligée de payer cette dépense de première nécessité. Autre nouvelle, plus sérieuse, celle-là : M^me Lockroy, souffrant^b d’une maladie de femme, a été opérée ce matin et défense faite par le chirurgien de sortir de son lit avant huit jours. Tout cela n’a pas de gravité, heureusement, et nous devons, toi et moi, n’en pas paraître informés. Pour ma part je n’en soufflerai pas un mot. Cher bien-aimé, je te souris et je t’aime comme autrefois et encore plus si c’est possible. Je t’adore.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16403, f. 128
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « tombâ ».
b) « souffrante ».