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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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4 mai 1882

1882, Paris, 4 mai, jeudi matin, 8 h.

Dors, mon grand petit homme, c’est ce que tu peux faire de mieux en ce moment où le ciel semble plus près de la nuit que du jour. Quant à moi je n’ai pas besoin de cet appoint pour avoir passé une bonne nuit. Voilà déjà trois jours que je vais très bien, ce qui me fait espérer que j’en ai fini, au moins pour quelque temps, avec mes ennuyeuxa bobos. Autre guitare, c’est ce soir que tu décides de la distribution du Roi s’amuse avec Perrin [1] et de ta présidence au banquet Grisel [2] mercredi prochain avec Marmottan. Tout cela mérite ton attention et tu feras bien d’en peser d’avance le pour et le contre. En attendant j’attends toujours le jour où tu voudras bien me permettre une visite aux magasins du Louvre : quand ? quand ? quand ? Deschanel m’écrit qu’il est enfin guéri et il me prie de te prier de lui permettre de faire ses relevailles chez toi, son Dieu Visible et Unique. Comme custodeb de ta chapelle je la lui ai accordéec séance tenante pour vendredi en huit. Ai-je bien fait mon maître ? Oui grosse bêted [3].

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16403, f. 73
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette


a) « ennuieux ».
b) « custodes ».
c) « accordé ».
d) « bêtes ».

Notes

[1La Comédie-Française prévoit la reprise du Roi s’amuse, qui n’avait été joué qu’un soir à la création en 1832. Cette reprise aura lieu le 22 novembre 1882. Ce sera la dernière sortie de Juliette Drouet.

[2Banquet offert par les mécaniciens de France à leur camarade Grisel, décoré par la Troisième République pour avoir autrefois, sous le Second Empire, sauvé les 125 passagers d’un train en refusant de faire redémarrer celui-ci avant un pont fragile traversant l’Allier en crue. Victor Hugo a été sollicité par une députation de cheminots pour présider ce banquet auquel participeront également Raynal, ministre du Commerce et Gambetta, président du Conseil. Son allocution est recueillie dans Actes et Paroles IV.

[3Citation (récurrente sous la plume de Juliette) de la chanson Prêchi-Prêcha, qui se termine par « Je la flanqu’ par la fenêtre. Est-ce bien fait mon maître ? — Oui ma grosse bête ! » [Remerciements à Roxane Martin et Jeanne Stranart.]

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