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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 mars 1839

20 mars [1839], mercredi, midi ½

Bonjour, mon petit bien-aimé, comment vas-tu, mon amour ? Je t’aime, voilà le bulletin de ma santé à moi, je désire que le tien soit à l’unisson. J’ai été très agitée toute la nuit de ta séance de cour d’assises [1] et ce matin, j’ai un mal de tête fou, c’est pas agréable. Mme Krafft m’a écrit ce matin, mais je n’ai pas décacheté la lettre, quoique je sache très bien que c’est pour le prix des échantillons que je lui ai envoyés qu’elle m’écrit, et dites que vous n’êtes pas une bête si vous l’osez. [Dessin a] Vous pouvez récrire toutes les lettres de l’alphabet sur les semelles de mes souliers, je ne vous crains pas car je suis à cheval sur mon amour.
Jour papa, papa est bien i. Voime, voime, voime. Quand me ferez-vous sortir ? En huit jours, je suis sortie une fois pour aller à la Porte-Saint-Martin. QUEL BONHEUR !!!!!b Si on donne Ruy Blas ce soir, m’y mènerez-vous ? Vous dites toujours « oui » mais vous n’en faites rien, c’est très SPIRITUEL, mais c’est monotone aussi. Toto, je vous aime, Toto, je vous adore. Jour. Baisez-moi. Si vous venez, je tâcherai d’être bien gentille et bien douce.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 283-284
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) Dessin :

© Bibliothèque Nationale de France

b) Les 5 points d’exclamation courent jusqu’à la fin de la ligne.


20 mars [1839], mercredi soir, 7 h.

Je ne veux pas dîner, mon adoré, sans t’avoir remerciéa du fond de l’âme de la bonne petite promenade que tu viens de me faire faire et surtout des bonnes paroles que tu m’as dites en route. Tu ne te contentesb pas d’être le plus beau des hommes et le plus grand génie du monde, vous êtes encore le plus charmant et le meilleur des hommes, aussi c’est plus que de l’amour que j’ai pour toi, mon adoré, c’est un culte de tous les instants, et je ne crois en Dieu que par toi. Tu es bon, je t’aime. J’ai oublié de te faire laver les yeux, j’en suis bien fâchée. Si tu avais le bon esprit de revenir tout de suite le mal ne serait plus qu’un plaisir pour moi, mais te voilà parti et Dieu sait quand tu reviendras. Enfin ce ne sera pas ma faute si le magnétisme ne fait pas son effet car je vais t’aimer et te désirer de manière à te faire revenir de l’autre monde si tu [y] étais, ce qu’à Dieu ne plaise.
Je suis très contente d’avoir vuc cette pauvre vieille demoiselle, elle vaut mieux dans son petit doigt que le gros Barthès dans tout son individu. Ensuite, elle t’admire et elle t’aime, en voilà plus qu’il n’en faut pour me SÉDUIRE. Soir pa. Revenez dîner, il y aura du bon gâteau. Papa est bien i.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 285-286
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « remercier ».
b) « contente ».
c) « vue ».

Notes

[1S’agit-il toujours du procès de Lesage et Soufflard, à l’ouverture duquel Hugo s’était rendu le 8 mars ?

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