18 février 1863

Guernesey, 18 fév[rier] [18]63, 2 h. ¾ après midi

J’emploie le temps que tu me laisses^a à te faire ma restitus, mon doux adoré. J’espère que tu ne me donneras pas le temps de l’achever et que tu seras tout de suite ici. En attendant je gribouille et Suzanne a pris les devants pour tâcher de te cueillir une salade dans les champs pour samedi. Quant à moi, je suis prête de ma PERSONNE mais mon lit n’est pas fait et je ne peux pas le faire quand je suis habillée. Donc, si tu ne te dépêches^b pas de venir ce sera double perte pour moi de bonheur et de soleil sans profit pour mon pauvre MÉNAGE. Mais qu’est-ce que vous faites donc, vilain homme, et qu’est-ce qui vous retient pendant le plus beau moment de la journée ? Et moi qui croyais n’avoir pas le temps de vous bâcler ma pauvre restitus, la voilà achevée et archi finie. Ah ! vous voilà, c’est bien heureux ! Venez que je vous pardonne. Taisez-vous, vous êtes [monstrueux ?], je vous adore.

BnF, Mss, NAF, 16384, f. 44
Transcription de Chantal Brière

a) « laisse ».
b) « dépêche ».