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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 novembre [1844], dimanche matin, 11 h. ¼

Bonjour, mon Toto bien-aimé, bonjour mon adoré petit Toto, bonjour ma vie. Comment vas-tu ce matin, mon petit Toto bien-aimé ? As-tu pris un peu de repos ? Tu te disposes à aller chez la duchesse [1] je voudrais bien que tu viennes dès que tu en seras revenu. J’ai besoin de te voir mon doux bien-aimé te voir c’est respirer c’est vivre c’est le paradis.
Il fait un temps bien froid mon cher petit homme il faut bien te couvrir et prendre garde aux rhumes et aux fluxions de poitrine. Ce n’est pas de ta santé dont tu prendras soin c’est de ma vie. Je sens que je ne pourrais pas supporter le malheur de te savoir malade loin de moi. Il faut donc que tu prennes toutes les précautions possibles pour empêcher ce malheur d’arriver. Je trouve que tu es bien lent à te commander une enveloppe chaude. Il est vrai que tu l’as fait il y a deux ou trois jours mais c’est égal c’est trop tard tu aurais dû l’avoir depuis longtemps. Oh ! Si je pouvais te mettre dans du coton comme je le ferais avec amour et avec joie. .Malheureusement cela n’est pas possible à mon grand regret et à ma grande inquiétude. Tâche au moins de venir me voir dès que tu seras libre tantôt. Je suis triste un baiser de toi me rendraa le bonheur. D’ici là je vais bien penser à toi, bien te désirer et bien t’aimer.
Jour Toto jour mon cher petit o. Vous êtes ma joie n’oubliez pas ça dépêchez-vous de venir si vous ne voulez pas que je sois la plus triste des femmes.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16357, f. 87-88
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « rendras ».


24 novembre [1844], dimanche soir, 5 h.

Je t’attends mon cher petit bien-aimé, j’ai hâte de te voir, de te baiser et de savoir si tes prévisions étaient justes. Je ne t’ai pas retenu tantôt parce que je craignais que tu ne sois en retard mais ce n’est pas faute du désir de t’embrasser et du besoin de te dire tout mon amour. Cette fois, comme toujours, j’ai dû sacrifier mon bonheur à la raison et au devoir.
Je t’ai trouvé bien éventé et bien peu couvert pour le froid qu’ila fait mon cher bien-aimé. Je crains que tu ne joues un peu trop à PAIR ou non avec ta santé. Un peu de précaution ne nuirait pourtant pas. Dabat vient de venir tout à l’heure t’apporter de ravissants petits souliers vernis à chaussettes de soie. Il m’a dit qu’il y avait mis tous ses soins. Il a encore les bottes vernies à apporter, après quoi je le paierai. Nous avons encore reparlé des fameux souliers napolitains et je lui ai dit que tu m’avais donné l’ordre de les payer 21 F. si cela était juste. Tous ces procédés généreux le comblent et je suis sûre qu’il se mettrait dans le feu pour toi. Rien ne me fait plus de plaisir que de te voir aimé, respecté, admiré et adoré. Moi seule j’ai le droit de t’aimer d’amour. Quelle quea soit la somme d’admiration et d’adoration que tu reçoivesb de tout l’univers, moi seule je t’aime des millions de milliards de fois plus dans un baiser que tous ces cœurs là réunis. L’heure se passe, mon amour, et tu ne viens pas. Pourtant tu sais que je t’attends. Pauvre ange, si tu es occupé je te pardonne.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16357, f. 89-90
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « qui ».
b) « quelque ».
c) « reçoive ».

Notes

[1Belle-fille du roi Louis-Philippe, la duchesse d’Orléans, grande admiratrice et amie de Victor Hugo, soutient sa candidature à la pairie.

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