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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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BnF, Mss, NAF 16322, f. 187-188 / 1833 ?

[1833 ?] [1]
Samedi, 9 h. ½

Je veux t’écrire, mon Victor, parce que mon cœur est plein d’amour pour toi – Cependant, il y a un peu d’amertume au fond de lui – et c’est cette amertume que je voudrais répandre en dehors afina de n’avoir plus qu’à t’aimer – Promets-moi de ne pas mésinterpréter mes plaintes, laisse-les s’exhalerb en liberté – N’oubliec pas, toutd le temps que tu les liras, que je t’aime au-delàe de tout – Mon pauvre ami, si tu pouvais voir l’état de mon cœur quand il est près de toi – et lorsqu’il en est loin, tu serais bien rassuré et bien plein de confiance dans mon amour – Mais enfin, puisqu’il n’est pas donné à notre machine humaine de pouvoir s’ouvrir pour laisser voir ce qui se passe en dedans – il faut s’en rapporter aux preuves extérieures qui sont quelquefois les reproductions fidèles de ce qui se passe intérieurement. Ainsi, ma pauvreté – mes gros souliers – mes rideaux sales – mes cuillères de fer – l’absence de toutes coquetteries et de tout plaisir étranger à notre amour – devraient te témoigner à toutes les heures – à toutes les minutes – que je t’aime de tous les amours à la fois – que je t’aime exclusivement – que je n’ai pas d’autre besoin que celui d’être aiméef de toi – que je t’aime seul – et pour toi seulg
Il [est] déjà 10 h. Il faut bien que je t’aime pour ne pas t’accuser d’un retard qui m’enlève une partie de mon bonheur de ce soir – Reviens, mon Victor – et mes yeux, mes paroles – le sonh de ma voix – mes caressesi te prouveront mieux encore que cette lettre – à quel point je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16322, f. 187-188
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

a) « à fin ».
b) « exaler ».
c) « oublies ».
d) « tous ».
e) « audela ».
f) « aimé ».
g) « t’aime seul » et « pour toi seul » soulignés deux fois.
h) « sont ».
i) « caressent ».

Notes

[1L’utilisation des tirets comme unique ponctuation nous invite à dater cette lettre de 1833.

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