4 septembre 1858

Guernesey, 4 septembre 1858, samedi matin, 7 h.

Bonjour, mon doux adoré, bonjour de tout mon cœur et de toute mon âme. Bonjour à travers le pieux recueillement de ton triste anniversaire [1], bonjour dans ma prière, bonjour avec toutes les bénédictions de mon amour. J’espère que tu as passé une bonne nuit malgré la fatigue que tu ressentais dans les hanches ? Cependant, je crois que tu feras bien de ne pas excéder tes forces dans les autres promenades que tu feras. Il ne faut pas t’exposer à une courbature qui te retiendrait peut-être plusieurs jours couché ou assis. Il vaut mieux retourner un peu plus lentement, mais à coup sûr, aux habitudes de ta vie active que de trébucher en chemin par impatience. Je parle comme un livre… de la sagesse mais avec l’à-propos de gribouillis et de Lapalisse car tous ces beaux avis t’arriveront quand ils seront complètement inutiles. Mais cette objection ne m’arrête pas, au contraire, et je n’en crie que plus haut : sois prudent. Oui, sois prudent, mon cher bien-aimé, pour que notre bonheur ne soit plus troublé par les mêmes affreuses angoisses de ces derniers temps. Je t’adore.

Bnf, Mss, NAF 16379, f. 252
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette