13 mars 1879

Paris, 13 mars [18]79, jeudi matin, 8 h.

Cher grand bien-aimé, je sors de chez toi après avoir constaté que tu dormais d’un bon sommeil, ce dont je suis tout heureuse. Du reste c’est ce que tu peux faire de meilleur par le temps grippé et quinteux qu’il fait ce matin. Heureusement que tu n’as pas Sénat aujourd’hui mais en revanche tu auras à payer samedi, 15, la traite Rousselle montant à la somme de 2400 F. 55 c. sans préjudice de celle que tu auras à payer le quatre avril prochain montant à treize cent^a quarante deux francs soixante centimes. Je t’en donne le chiffre en mots pour le distinguer du premier. Tout cela fait beaucoup de vin et beaucoup d’argent et beaucoup de buveurs. Mais comme le célèbre Peter : « Je n’y peux^b pas que faire ». Il va falloir renouveler^b la provision de bois et de charbon ce qui s’ajoute encore aux dépenses quotidiennes de la table et de la maison. Et nous manquons de vaisselles ! et nous manquons de tout et de bien autres choses ! mais non de gloire, d’admiration et d’adoration dont le monde entier t’inonde sans compter le gros appoint de mon amour que je te donne sans compter.

[Adresse :]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF, 16400, f. 72
Transcription de Chantal Brière

a) « cents ».
b) « peu ».
c) « renouveller ».