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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 19 août 1858, jeudi matin, 7 h.

Bonjour, mon Victor adoré, bonjour à travers tes paupières endormies, bonjour jusqu’au fond de ton cœur, bonjour dans ta santé, dans tes joies et dans ton bonheur, bonjour. As-tu passé une bonne nuit, mon cher petit homme ? J’espère que oui. J’espère encore que tous les petits nuages arrêtés un moment sur ta maison se sont dissipés et que tous les cœurs rayonnent autant que les esprits pour te faire de la santé et du bonheur. Quant à moi, mon cher adoré, je t’aime de tout mon être. J’attends avec impatience que tu sois entièrement guéri pour faire quelques bonnes petites promenades avant la mauvaise saison. Je crois que cela nous sera bien utile à tous les deux : toi pour reprendre des forces et moi pour en perdre un peu. J’ai des maux de tête si constants et si forts que je me crois à chaque instant menacée d’apoplexie. Cela ne m’effraie pas autrement que par le chagrin de te quitter brusquement. Si cela arrivait, mon bien-aimé, si Dieu voulait t’imposer cette épreuve avant de nous réunir pour toujours, il faut me promettre de ne pas en murmurer et de soigner ta chère vie autant que si j’étais encore là. D’ailleurs, il me semble que mon âme ne pourra jamais se séparer de toi et que j’en serai d’autant plus près que mon corps en sera plus loin. Pardonne-moi cette tendresse de quasi outre tombe, souris-moi, je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 237
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette


Guernesey, 19 août 1858, jeudi soir, 7 h. ¼

Je crois que tu peux dormir tranquille, mon cher bien-aimé, et que la bonne foi d’Ozanne est sincère et complète. J’en avais le pressentiment, comme tu sais et j’espère qu’il sera pleinement justifié demain matin après la vérificationa attentive des registres du greffe. En attendant, j’ai peur que toutes ces alertes ne te fatiguent et ne s’ajoutent à ton mal de jambe. Depuis quelques jours les contrariétés succèdent aux contrariétés pour toi, mon pauvre adoré, et c’est à cela que j’attribue la petite recrudescence d’inflammation de ta jambe… On frappe chez moi, mon cher adoré, je te quitte à regrets pour un moment.

9 h.

Je te remercie de m’avoir envoyé la lettre de Martin à lire car elle m’a tranquillisée sur toi que cette préoccupationb pouvait agiter et sur tes affaires qui pouvaient en souffrir. Tout est donc pour le mieux, mon cher adoré, si tu vas bien, si tu passes une bonne nuit et si ta pauvre jambe se guérit. J’ai vu Mlle Allix ce soir, la place me manque pour t’en dire davantage sinon que je t’aime plus que ma vie.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 238
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « vérication ».
b) « préocupation ».

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