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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 août 1858

Guernesey, 10 août 1858, mardi matin, 6 h. ½

Bonjour, mon bien-aimé, bonjour, mon cher petit convalescent, bonjour, je t’aime. Tu m’as paru très bien hier en me quittant, mon pauvre cher adoré, et j’attribue ce résultat à ta station sur le matelas. Encore quelques jours de soin et de patience et tu seras tout à fait guéri, j’en ai la douce conviction. En attendant, j’ai fait une infraction à ma pieuse règle en sortant hier avec Mme Marquand. Je t’avoue que, malgré toute la bonne grâce touchante de cette jeune femme et la présence de Miss Ailex qui s’est jointe à nous, la promenade m’a paru morose et fastidieuse. La bonne femme voulait me venir chercher ce soir, mais je m’y suis carrément opposée. Tant que tes forces ne te permettront pas de reprendre nos douces marcheries habituelles, je ne veux pas sortir avec d’autres, sous quelque prétexte que ce soit, si ce n’est pour prendre un bain de propreté, tel est mon ultimatum. Sur ce, baisez-moi, portez-vous bien et venez de bonne [heure].

Bnf, Mss, NAF 16379, f. 220
Transcription d’Anne-Sophie Lancel, assistée de Florence Naugrette


Guernesey, 10 août 1858, mardi soir, 7 h. ½

La journée s’est encore bien passée, mon cher adoré, sans trop de fatigue pour toi et avec beaucoup de bonheur pour moi. Demain, tu seras encore plus fort et plus près de la guérison complète, et moi plus tranquille et plus heureuse encore. Dans quelques jours, il ne restera plus que le souvenir de tes horribles souffrances, mon pauvre adoré, atténué par l’espoir d’une santé renouveléea et consolidée par les deux mois de maladie que tu viens de passer, mais aussi, quand tu auras reconquis ce trésor de santé, avec quelle parcimonie il faudra le dépenser au lieu de le prodiguer imprudemment comme tu le faisais jour et nuit autrefois ! Quant à moi, j’en serai tellement avare pour toi qu’il faudra bien que tu thésaurises ta précieuse vie qui est mon bien. Je ne te permettrai que de n’en dépenser bien juste que ce qui faut pour être heureux et pour m’aimer un peu. C’est comme cela, mon cher adoré. Pour commencer, dors bien et pense à moi, je t’adore.

Bnf, Mss, NAF 16379, f. 221
Transcription d’Anne-Sophie Lancel, assistée de Florence Naugrette

a) « renouvellée ».

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