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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 octobre [1844], dimanche matin, 9 h. ¼

Bonjour, mon petit Toto bien aimé, bonjour mon Toto chéri, comment vas-tu ce matin mon cher amour ? Moi je vais très bien et mes yeux vont très bien aussi : bientôt il n’y paraîtra plus je l’espère.
Que je te remercie du fond du cœur, mon bien-aimé, avec ce que j’ai de plus tendre et de plus reconnaissant en moi, pour les paroles bénies que tu as dites à ma pauvre grande fille. Cette chère enfant, c’est toi qui l’as faite ce qu’elle est. Sans tes conseils, sans ta patience, sans ta douceur et sans ton dévouement d’ange, jamais elle ne serait arrivée où elle est. Merci à toi pour elle et pour moi, mon divin bien-aimé. Que Dieu te rende dans tes enfants tout le bien que tu as fait à la mienne. Qu’il te donne en bonheur et en bénédiction tout l’amour que j’ai pour toi dans le cœur.
Quand te verrai-je, mon Toto ? Tâche que ce soit bientôt. Il ne fait jamais jour dans mon cœur avant que je ne t’aie vu. Tes baisers, ce sont les rayons de soleil de ma vie.
Dépêche-toi donc de venir bien vite, mon Victor adoré, pour faire de cette journée une journée lumineuse et joyeuse à ta pauvre Juju.
Clairette vient de revenir de la messe. Elle est charmante ce matin. Le bonheur lui va bien à cette enfant. C’est une parure qui sied bien à tout le monde et en particulier aux personnes qui aiment et je suis sûre qu’elle nous aime autant qu’elle peut aimer. Tout à l’heure elle écrira sa lettre à son parrain et moi je l’enverrai avec un mot à Mme Luthereau. Mais j’ai besoin de te voir, moi, il faut que je te vois, je ne peux pas ne pas te voir tout à l’heure ou je serai triste et je ne veux pas l’être aujourd’hui. Je baise tes ravissantes petites mains.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 269-270
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette


20 octobre [1844], dimanche soir, 5 h.

Mon beau petit homme, je t’aime, tu as bien fait de venir me voir deux fois et tu aurais mieux fait encore de ne venir et de ne plus t’en aller. Oh ! alors je me serais roulée de joie à tes pieds. Pauvre ange adoré, tu paraissais bien préoccupé et bien fatigué tantôt. Ne va pas tomber malade, mon Dieu. Qu’est-ce que je deviendrais si ce malheur arrivait ? Oh ! je ne veux pas penser à cela. Le bon Dieu est trop juste pour m’envoyer des douleurs que je ne pourrais pas supporter. Ainsi, cela ne sera pas cela, ne peut pas être, surtout si tu as la raison de ne pas travailler au-delà de toute mesure et de toute force humaine. Mon Victor bien aimé, pense à ta pauvre Juju et sois prudent.
Nous sommes encore seules Claire et moi. Clémentine est venue me dire qu’elle ne pourrait pas dîner avec nous et je crois que les petites Rivière en feront autant. Je me résigne très volontiers à ce malheur pourvu qu’elles ne soient pas malades, ces pauvres jeunes filles, comme je l’espère.
Jour Toto, jour mon cher petit o, je vous aime, qu’on vous dit.
Clairette voit s’avancer son dimanche avec terreur. Cette chère enfant ne peut pas s’habituer à retourner avec résignation à la pension. Je tâche d’avoir l’air de ne pas m’en apercevoir pour ne pas exciter sa glande lacrymale. C’est bien assez que la mienne quand je ne vous vois pas. Baisez-moi, mon Victor. Je t’adore. Voici Joséphine.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 271-272
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « préocupé ».

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