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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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28 septembre [1844], samedi midi

Bonjour, mon Toto adoré, bonjour mon cher petit homme chéri, bonjour. Je voudrais qu’il fût sept heures du soir. J’ai pourtant bien des choses à faire d’ici là. Cela ne m’empêche pas de hâter par la pensée et le cœur le moment où nous grimperons dans votre würst [1]. Il fait un temps divin. Ma crainte est que cela ne dure pas jusqu’à mercredi matin. Jour Toto. Jour mon cher petit o. Papa est bien i. Dix francs, dix francs, viens m’embrasser…..a Vous aviez très bien obéi en arrivant juste à votre réplique. C’est dommage que votre obéissance ait duré si peu. C’est égal, ça fait toujours plaisir un petit baiser de son Toto. Cela me rappelle la [pêche  ?] du [illis.].
Je serai prête ce soir, Toto, gardez-vous d’en douter. Tâchez seulement de n’être pas en retard car, outre le tort que vous me feriez, la distance de Saint-Cloud est plus grande que celle de Neuilly et vous arriveriez trop tard chez votre roi. Vous ne m’avez pas apporté à copire aujourd’hui, pourquoi ça ? Il me semble pourtant que je vous montre assez de zèle et d’empressement, à défaut de talent, pourquoi alors ne m’en donnez-vous pas toujours de la copire  ? Je crains les affreux petits copistes marronb de la Place Royale. Si je savais cela, j’irais leur tirer les oreilles et votre nez par dessus le marché.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 195-196
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) Juliette ponctue de cinq points.
b) « marrons ».


28 septembre [1844], samedi soir, 5 h. ¾

Nous sommes sous les armes, mon cher amour, et prêtes à partir au bout du monde si vous voulez. Tes affaires sont prêtes, on n’attend plus que toi pour la cérémonie. En attendant, nous allons bouffer car enfin il faut bien que nous prenions nos précautions si nous ne voulons pas tirer des pieds de langue chez sa majesté Louis-Philippe.
Je vais donc passer quelques quarts d’heure dans votre AIMABLE SOCIÉTÉ ! Quel bonheur !!! Mais, pour en arriver là, que d’impatience, quel travail et quels embêtements il a fallu supporter ! D’y penser, cela m’en ôte l’appétit. Enfin, je vais vous voir tout à l’heure. Cette certitude rachète tout. Je suis heureuse. VIVE LE ROI !!! Et son auguste famille ! Sans lui, sans elle, sans Würst [2], je serais encore à vous attendre pour le roi de Prusse. Décidément, je vote des remerciements à l’adresse de votre monarque et de votre carrossier. Je les aime, je les estime, je les honore et je les porte dans mon cœur. Chèrea âme de ma vie, tu vois par ces folies mieux que par des paroles sérieuses combien je suis heureuse à l’idée de passer une heure avec toi. Merci mon Toto adoré. Merci, tu es mon pauvre ange adoré. Merci, je t’aime. Je baise tes yeux, ta bouche, tes mains, tes pieds. Je suis heureuse, merci mon Toto chéri.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 197-198
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « cher ».

Notes

[1« Würst » signifie « saucisse » en allemand. L’allusion reste à élucider.

[2« Würst » signifie « saucisse » en allemand. L’allusion reste à élucider.

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