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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 mai 1837

9 mai [1837], mardi, midi ¼

Bonjour mon cher petit homme bien-aimé. Il y a déjà bien longtemps que je suis éveillée mais j’ai lu mes journaux dans mon lit comme une grande paresseuse que je suis. Jour je vous aime. Et vous, m’aimez-vous un peu ? Il y a bien longtemps que vous ne m’en avez donné une seule petite preuve pas plus grande que ça –. Vous travaillez donc toujours mon cher petit bien-aimé. Je voudrais bien vous voir prendre un peu de repos. J’en profiterais d’une manière quelconque. J’ai bien besoin de vous aimer autrement que par tradition. Vous devriez vous prêter un peu plus à l’autre espèce d’amour qui a bien son charme si vous ne l’avez pas oublié. Je n’espère pas que vous vous laisserez allera aujourd’hui plus que les autres jours à une bonne pensée. Aussi je m’apprête à rester chez moi toute la journée et toute seule car mes visites réitérées et prolongées chez cette pauvre Mme Pierceau commencent à l’ennuyer autant que moi. Ainsi donc si vous ne venez pas et si vous ne restez pas quelque peu avec moi vous voyez d’ici la journée agréable qui se déroule pour moi à l’horizon. Je vous aime mon petit Toto, ce qui explique mes rabâcheries continuelles et mes plaintes sans fin. Je vous aime de tout mon cœur. Jour mon petit Toto. Jour mon cher bien-aimé. Vous êtes très joli dans le Figaro [1] mais vous l’êtes plus là dans monb

Juliette

BnF, Mss, NAF 16330, f. 143-144
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein

a) « allé ».
b) Juliette a dessiné après ce mot un petit cœur au centre duquel elle a écrit « Toto » en fines lettres, ce qui donne à ce cœur une allure de feuille d’arbre nervurée :

© Bibliothèque Nationale de France

9 mai [1837], mardi après-midi, 1 h. ½

Mon espoir et mon incertitude suivent les variations atmosphériques. S’il pleut je suis triste et découragée parce que je crains que le mauvais temps ne vous rencogne davantage dans votre logis. S’il fait beau je suis gaie et j’espère vous voir bientôt. Dans ce moment-ci par exemple, il me semble que vous allez me surprendre vous écrivant ceci : voici encore une interruption. La bonne de Mme Guérard vient de venir chercher les gravures. Je vous aime mon pauvre petit homme et je fais les tourments et l’ennui de votre vie du sentiment le plus doux et le plus tendre. Ce n’est pas ma faute. Car si vous m’aimiez autant que je vous aime, vous trouveriez charmantes toutes mes répétitions au lieu que vous les trouvez ennuyeuses et fatigantesa. Je voudrais bien vous faire boire un philtre qui vous donnerait le même degré de frénésie que j’ai contre vous. Malheureusement la recette en est perdue et j’en suis réduite à vous aimer toute seule. Jour mon petit homme. Jour. Je suis aussi bête que possible sans pouvoir me retenir. Je ne sais pas à quoi cela tient mais il est certain que je suis plus stupide aujourd’hui qu’à l’ordinaire et que je vous aime encore davantage que d’habitude. C’est peut-être là la cause, mais qu’y faire ? Je vous aime toujours plus à mes risques et périls.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16330, f. 145-146
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein

a) « fatiguantes ».

Notes

[1De toute évidence, Juliette vient de lire l’article non signé paru dans le Figaro du 6 mai 1837 (p. 394-395), qui propose un portrait de Victor Hugo « intime », avec force détails sur le mobilier de l’appartement de la place Royale, ou encore sur les habitudes et le quotidien de Victor Hugo. Le tout est accompagné d’une description assez détaillée et sans flatterie de son physique.

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