Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1848 > Octobre > 16

16 octobre [1848], lundi matin, 8 h.

Bonjour, mon Toto bien aimé, bonjour mon doux adoré, bonjour. Eh ! bien comment as-tu dormi dans ton nouveau logis [1] ? est-ce bien beau ? Serez-vous bien à l’aise ? Toute ta famille s’y plait-elle ? Je voudrais déjà savoir cela pour me réjouir avec vous de vous savoir casés, heureux et contents. Je viens d’envoyer chez la penaillon et lui fair offrir 55 francs, ce qui est fort honnête, elle a refuséa et ne veut rien rabattre de ses 70 francs. Elle doit venir reprendre ses deux portières ce soir. Quant à moi, si ce n’était l’opportunité de l’emploi je ne te conseillerais pas d’acheter cela même au prix de 55 francs parce que ce n’est pas un assez bon marché. Le damas bleu m’a gâté les bons marchés pour longtemps. Cher petit homme, je voudrais que tu puisses parler aujourd’hui, en vrai égoïste que je suis, et surtout je voudrais pouvoir assister à la séance. Est-ce qu’il n’y a pas moyen vraiment de me donner une entrée de faveur pour aujourd’hui ? Je dis pour aujourd’hui dans le cas où tu parlerais [2] ? Tu ne peux pas te figurer combien je serais heureuse de t’entendre tenir tête à 899 braillards stupides, laids et envieux [3]. Cependant je n’y compte pas. Je sais trop que les FAVEURS, sous quelques formes qu’elles se présentent ne sont pas pour mon vilain nez. Eh ! bien tant mieux gardez-les vos faveurs j’y consens à la condition que vous donnerez à personne sinonb des coups.

Juliette

MVH, 8127
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « refusée ».
b) « si non ».


16 octobre [1848], lundi soir, 5 h.

Je viens d’envoyer Suzanne chez toi, mon cher petit homme et je t’écris pendant ce temps-là pour me tenir compagnie. Je te dirai que je suis allée chez [Demidoinneau  ?] [4] que j’ai demandé le prix d’un tapis de fenêtre et demi en moquette la plus belle et du dessin le plus riche, rouge sur fond blanc et qu’on m’a dit que cela irait de 450 à 500 francs. Cette différence de prix ne l’exercerait pas sur la qualité mais seulement sur la nouveauté du dessin. Tu vois mon adoré que même à 300 francs le tapis de la penaillon ne serait pas une trouvaille. Je suis bien aise que tu ne l’aies pasa acheté parce que tu n’aurais pas fait vraiment un bon marché. Pour en convaincre la penaillon, dans le cas où elle aurait cru avoir fait une bonne spéculation, je me suis fait écrire la chose sur une facture de [Demidoineau  ?]. Voilà, mon petit homme, le résultat de mes informations. Demain je porterai ta lettre rue Saint-Jacques. En attendant je suis très heureuse de la bonne petite course que nous avons faite ensemble ce matin. Déjà hier j’avais été bien contente mais je le serai bien davantage encore si tu pouvais m’en donner une autre demain et tous les autres jours. Malheureusement ce sont de bonnes fortunes qui deviennent de plus en plus rares. Cependant j’espère que lorsque je serai ta voisine cela deviendra moins difficile aussi j’ai hâte le moment de tous mes vœux et de toutes mes forces [5].

Juliette

MVH, 8128
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « tu l’aies pas ».

Notes

[1La veille, la famille Hugo a emménagé au 37, rue de la Tour-d’Auvergne.

[2À notre connaissance, Victor Hugo ne s’exprime par à l’Assemblée constituante ce jour-là.

[3Près de 900 députés siègent à l’Assemblée nationale constituante.

[4À identifier.

[5Durant le mois de novembre 1848, Juliette Drouet emménagera cité Rodier, se rapprochant ainsi de la rue de la Tour-d’Auvergne, où vit la famille Hugo depuis le 15 octobre.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne