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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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18 février [1848], vendredi matin, 9 h. ½

Bonjour, mon Toto, bonjour, je t’aime, je te désire et je te baise. Je ne sais pas quand je te verrai mais je sais bien quelle joie cela me feraita quand tu seras auprès de moi. Il paraît que ta clef n’a pas voulu fermer la porte de la rue cette nuit, à ce que me dit Suzanne. Il faut croire que c’est la faute de ta clef puisque la serrure va très bien. Tantôt je la visiterai pour voir ce qu’il y a dedans.
Tu ne m’as pas dit si tu vas à la Chambre aujourd’hui et si je pourrai aller au devant de toi. C’est ennuyeuxb que les églises se ferment si tôt, car sans être précisément un endroit bien commode, je pouvais t’y attendre tandis qu’à présent je ne peux que revenir sur mes pas, ce qui ne me réussit pas beaucoup. Cependant j’aime encore mieux tenter la chance de te rencontrer que de t’attendre bêtement au coin de mon feu en me rongeant les foies d’impatience. C’est égal, je n’ai pas vu le contenu de la lettre de Mme [Belit  ? Belet  ?] [1] et vous n’avez pas écrit chez moi à Mme H. Lucas. Tout cela n’est pas plus clair que l’eau de ma fontaine et je crois que vous y pêchez des bonnes fortunes à mon nez de Juju et sans avoir l’air d’y toucher. Mais soyez tranquille, pêchera bien qui pêchera le dernier. En attendant baisez-moi et taisez-vous.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 75-76
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « quelle joie cela me ferai ».


18 février [1848], vendredi, midi ¾

Cher adoré, voici le moment oùa tu parles à ton Charlot avec toute l’ineffable tendresse de ton cœur et toute la douce et puissante autorité paternelle. Je prie le bon Dieu pour que ce cher enfant trouve dans son amour et dans son respect pour toi assez de force et assez de courage pour suivre le chemin que tu lui indiquesb et que tu lui fais si facile. Je sais combien tu es indulgent et généreux pour toutes les faiblesses et je suis sûre que ton Charlot ne résistera pas à cette bonté si pleine de sollicitude pour son avenir. Le soleil reluit, le ciel est bleu, ce qui est un bon signe. Je serai bien heureuse quand tu me diras que tout a réussi comme je l’espère et comme je le désire. En attendant et pour prendre patience je m’occupe de toi, je pense à toi et je t’aime.
Je voudrais bien que tu puissesc me donner à copier aujourd’hui. Je crains d’être en retard sur toi-même et je serais désolée qu’un autre que moi te vînt en aide pour la copie. Et puis aussi c’est qu’après le bonheur de te voir, c’est le plus grand plaisir que je puisse éprouver et j’avoue que j’y tiens on ne peut pas davantage. Aussi si tu peux me lire ce soir je serai bien heureuse. Mon Dieu, que je voudrais être à ce soir pour savoir si tu es plus content et plus tranquille. Depuis une heure à peu près que je sais que tu es avec ton fils, je ne peux pas contenir mon impatience. Je voudrais tant que tu sois heureux et lui aussi et toute ta famille que ce désir redouble mon impatience de savoir le résultat de cette conversation.
Je t’aime mon Victor, ô oui je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 77-78
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « le moment ou tu parles ».
b) « tu lui indique ».
c) « que tu puisse ».

Notes

[1À identifier.

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