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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 octobre [1847], jeudi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon Victor bien-aimé, bonjour mon adoré Toto, bonjour, joie, santé, bonheur à vous tous. Je ne te demande pas comment cela va parce que j’espère que cela ne peut aller que de mieux en mieux et que ma Joséphine va venir tout à l’heure m’apporter des nouvelles [1]. Si tu savais comme mon cher petit dessin est ravissant tu voudrais me le reprendre ; seulement je m’y oppose plus que jamais ; et aucun indou, pas même de chinois, rien, rien, de rien, ne saurait me faire consentir à me séparer de cettea admirable petite peinture [2]. Mettez cela dans vos prétentions et votre mouchoir par-dessus. Le bon Dieu me favorise par un temps exquis aujourd’hui jour d’académie et de BÜCHER. Il n’y a rien de plus sainb que de faire sortir les premiers et de rentrer les dernières par ce temps de soleil. Il me semble que ce n’est pas très pointu ce que je te dis là ? Une autre fois je ferai mieux écoute donc on n’est pas PARFAIT. Je ne connais que toi qui fassesc des chefs-d’œuvre à tous les coups. Jour, Toto, jour mon cher petit O. J’irai probablement chez le médecin tantôt. Je l’avais un peu négligé tous ces temps-ci. Il est vrai que j’avais bien autre chose en tête que ma propre santé. Maintenant que je suis plus tranquille je peux songer à mon mal. J’aime mieux t’aimer pourtant.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16365, f. 246-247
Transcription de Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « cet ».
b) « saint ».
c) « fasse ».


21 octobre [1847], jeudi soir, 9 h. ½

Quoiqu’il soit très tard, mon doux adoré, et que j’aie très froid je ne veux pas me coucher sans t’avoir fait mon petit gribouilllis. C’est que c’est si bon de te dire que je t’aime, que je ne m’en lasse jamais et que c’est devenu pour mon cœur le premier et le plus impérieux besoin. Seulement je trouve que vous m’imposez trop souvent et trop longtemps silence. J’ai besoin de parler, moi, de parler souvent et beaucoup. Ceci est nécessaire à ma santé. Aussi je vous préviens que je passerai outre votre défense dorénavant et que je parlerai très vite et très fort pour me rabibocher de la trop longue abstinence de langue que vous m’avez imposée depuis quelque temps. Je n’ai pas besoin de crever d’une bavarderie rentrée je veux parler, parler, parler. Soyez tranquille vous n’aurez rien gagné pour attendre.
Eugénie m’a envoyé une lettre par son petit garçon ce soir pour s’informer des nouvelles de chez toi et pour me dire le motif qui empêchait M. Vilain d’aller en savoir lui-même. Sa lettre s’est évidemment croisée avec celle que je lui écrivais tantôt. Aussi je me suis contentéea de lui faire dire par son petit garçon que je la remerciais et qu’elle recevrait mon petit mot ce soir ou demain. Voilà, mon cher petit bien-aimé, les nouvelles de ce soir. Ce qui n’en est pas une c’est que je t’aime PIRE que jamais.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16365, f. 248-249
Transcription de Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « contenté ».

Notes

[1Juliette a envoyé sa voisine Joséphine prendre des nouvelles de la santé de Madame Hugo qui se remet lentement d’une attaque de fièvre typhoïde.

[2Dessin à identifier.

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