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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 20 janvier [18]78, dimanche soir, 3 h. ½

Cher bien-aimé, il m’est impossible de te remercier d’une chose dont la seule pensée me fait horreur [1]. J’espère que Dieu me fera la grâce de ne jamais subir ta généreuse prévoyance, même pendant une heure. C’est mon ardente prière depuis le premier jour où je me suis donnée à toi ; et tu me rends la justice que j’ai toujours fait mon possible pour mériter cette récompense en t’aimant plus que ma vie. C’est pourquoi, mon adoré, tout en admirant ta générosité, je ne t’en remercie pas. Je te supplie de m’aimer afin que je vive plus longtemps auprès de toi. Le jour où cet amour viager te semblera trop lourd à payer Dieu te relèvera de cet impôt en donnant à mon âme une place dans ses incurables et tout sera dit. En attendant, mon grand petit homme, sois béni, admiré, vénéré et aimé par toute la terre comme tu l’es dans mon cœur. La journée a été particulièrement claire et douce aujourd’hui ; on dirait une journée de printemps. Il est vrai que nous n’en sommes plus très loin. Dès que tu seras hors de ton livre [2] je te prierai de me faire sortir avec toi, fût-cea même au Sénat les jours de bureaux ! Pourvu que je sois ou que je me croie avec toi, tout m’est bon.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 17
Transcription de Chantal Brière

a) « fusse ».

Notes

[1Le 15 janvier, Hugo avait légué à Juliette une rente viagère de 12 000 francs.

[2Il s’agit du deuxième tome d’Histoire d’un crime qui paraîtra le 15 mars 1878.

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