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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Mercredi 18 août [1847], 7 h. ½ du matin

Bonjour, mon bien taquin, bonjour, mon adoré, bonjour. Ah ! que je te voie lâcher Minet. Plus souvent que je lui donnerai de mon jardin à ton Fouyou. Pas de culotte, pas de jardin. Avec ça que fait bon vous faire crédit. Je sors d’en prendre, c’est bien assez que je ne puisse pas me soustraire à vos mauvais traitements, barbare homme, sans me prêter, ou du moins prêter mon jardin bénévolement comme ça, sans le moindre profit. Ce serait par trop benêt. J’entends qu’on m’achète la jouissance de mon jardin la nuit, sinon non, je garde mes effets de lune et mes [souris  ?] pour une meilleure occasion. C’est une idée que j’ai comme cela et vous savez ce que c’est qu’une idée de femme. Donnant, donnant, je ne sors pas de là.
Je comprends très bien, mon Toto, que nous ne puissions pas emmener cette chère enfant [1] avec nous cette année ni les autres à cause des frais énormes de voyage. Je n’y avais jamais compté même quand je lui en ai parlé et je comprends encore que tu ne veuilles pas de sa pauvre petite bourse de vacances. De tout cela il résulte que je t’aime toujours et plus que jamais.

Juliette

MVH, α 7915.(1)
Transcription de Nicole Savy


Mercredi 18 août [1847], après-midi, 2 h.

Dites donc vous, que je vous y prenne encore à m’appeler la VIEILLE et puis vous verrez si toutes les vérités sont bonnes à dire. Je vous aime encore beaucoup de venir m’invectiver chez moi ! Que je t’y rattrapea, pôlisson, et tu sauras de quel manche à balai je me mouche.
En attendant je vous attends et je voudrais bien ne pas vous attendre longtemps. Cher adoré bien-aimé, mon Victor, ma vie, mon âme, ma joie, mon bonheur, mon tout, je suis à toi, je pense à toi, je m’occupe de toi, je te désire et je t’aime.
J’ai bien regretté de n’avoir pas eu la bonne inspiration de faire ta tisaneb plus tôt. Il est vrai que cela ne me réussit jamais quand je la prépare dès le matin et, à ce compte-là, pour te forcer à venir, je devrais ne jamais la faire de bonne heure au risque d’en avoir des gros remords comme aujourd’hui.
Tu voudrais me donner ta fleur et moi je voudrais te donner toutesc celles de mon jardin, avec mon âme par-dessus le marché. Je demanderai à Duval s’il pense pouvoir naturaliser chez moi ton beau PANCRACIUM [2]. J’en doute mais enfin je le lui demanderai car je serais très contente de faire revivre chez moi cette fleur que tu admires et que tu aimes tant quand je devrais en être jalouse. En attendant je t’adore, et je te baise de toutes mes forces.

Juliette

MVH, α 7966
Transcription de Nicole Savy

a) « rattrappe ».
b) « tisanne ».
c) « tout ».

Notes

[1À élucider.

[2Le pancratier est une plante bulbeuse de pays chaud, de la famille du narcisse, à grandes fleurs blanches parfumées (GDU).

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