Guernesey, 19 octobre 1856, dimanche après-midi, 3 h.
Comment se comporte ton clou, mon pauvre petit homme ? Je crains bien qu’il ne finisse par te faire beaucoup souffrir pour aboutir tout à fait et que cela ne t’empêche de venir me voir pendant quelques jours. Déjà même tu ne viens presque plus et quand tu viens, tu choisis les rares moments où tu es sûr de ne pas me trouver chez moi, comme hier. Cette pensée que
7 h. ½ du soir. Cette pensée a été trop heureusement interrompue par ton arrivée, mon doux adoré, pour que je la reprenne. Je la renvoie au contraire avec toutes les ZUÉES poussées par mon bonheur de tout à l’heure. Je suis si heureuse et si reconnaissante des trois heures que tu m’as données aujourd’hui que je te supplie de ne pas fatiguer ta pauvre jambe en revenant ce soir. Moins tu la fatigueras et moins tu auras d’inflammation, du moins je le crois. Cependant, si tu crois que cela ne peut pas augmenter ton mal et que tu trouves plus commode de te panser ici, n’hésite pas à venir car je t’attendrai comme hier jusqu’à 10 heures, avec toutes les tendresses de mon cœur et de mon âme. Seulement, je veux que tu saches que je sacrifie le bonheur égoïste de te revoir encore ce soir à ton repos et à la guérison de ta GAMBE. De toute façon, mon adoré bien-aimé, bonsoir, bonne nuit, bon amour et bonheur.
Juliette
Bnf, Mss, NAF 16377, f. 255
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette