15 avril 1856

Guernesey, 15 avril 1856, mardi soir, 5 h.

Ma restitus est presque aussi en retard que vous, mon cher petit homme, ce qui n’est pas une excuse pour vous, pour peu que vous ayez pu faire autrement. Quant à moi, j’ai employé tout mon temps à vous économiser quelques malheureux liards en raccommodant mes grègues [1] à outrance.

8 h. du soir

J’achève de remplir mon gribouillis puisque vous le voulez, mon cher petit tyran, mais j’aimerais mieux voir des effets de lune et écouter la grande voix du vent côte à côte avec vous que de me morfondre à faire gambader mes insipides pattes de mouche l’une après l’autre. Il est vrai que cela me procure une fois de plus l’occasion de vous réclamer mon parapluie, ce qui n’est pas indifférent par le temps qui souffle. Pensez-y si vous pouviez, ne fût-ce^a que pour vous mettre à couvert……^b de mes sottes réclamations. Sur ce je vous tire ma restitus et je vous baise à tout vent.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16377, f. 119
Transcription de Chantal Brière

a) « fusse ».
b) Juliette note six points de suspension.