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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 novembre [1838], mardi après-midi, 1 h. ½

Je t’aime mon Victor, je t’aime de toute mon âme. Je ne te vois pas assez mais je t’aime. Je tâche de me faire accroire que lorsque ton livre aura paru je te verrai plus souvent, cela me donne du courage et ne fait de mal à personne, la déception n’en fera aussi qu’à moi seule : je peux bien me donner de l’espoir tant que je peux.
Le temps est bien noir, et bien triste. Je ne pense pas que tu viennes encore aujourd’hui pour acheter ma dentelle ? J’ai honte de te parler de cela quand tu es occupé d’affaires si sérieuses, mais je t’assure cependant que tu ne te rends pas compte de ce qu’il y a de gênant, et d’impossible à ne pas faire chaque jour et à son temps les affaires de la vie. Rien n’est entretenu, ni à sa place, et l’humeur s’en ressent quoiqu’on dise. Au reste j’en prends mon parti, il faut bien faire ce que tu veux, et j’aime mieux ma vie garrottée par toi que la plus grande liberté sans toi.
Je t’aime mon amour, c’est bien vrai, et bien doux. La seule chose triste, mais bien triste, c’est que j’ai si peu l’occasion de te le dire, et de te le prouver.
Comment vont tes yeux adorés ?

Je te [baise  ?].

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 162-163
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette


20 novembre [1838], mardi soir, 7 h. ½

Quelle douceur, et quelle bonté que la tienne, mon adoré, j’en suis toujours touchée jusqu’aux larmes quand je te vois si bon et si doux. Je t’aime avec plus de respect et de vénération car je sens alors combien tu es au-dessus de nous tous.
Je t’aime mon Toto bien aimé. Je t’aime comme tu le désires, et comme il faut t’aimer. Je t’aime avec les yeux et l’âme, je t’aime d’amour et de vénération, tu es mon amant et mon [culte ?], tu es mon cher petit homme et mon Dieu. Je vais vous attendre patiemment................ voime, voime, patiemment, c’est bien facile à dire, mais à faire très peu. Enfin je vous attendrai comme je pourrai, et avec tout mon amour dehors, pour vous faire revenir très vite.
Je vais écrire à Mlle Watteville, tu verras la lettre ce soir. Tu devrais bien venir prendre un peu de potage. Ce serait une occasion de baiser votre charmante petite bouche, et de prendre soin de votre personne adorée. Soir Pa. Soir To. Me mènerez-vous demain voir [illis.] ? Tâchez, vous savez qu’après vous je n’ai pas d’autre bonheur, et j’ai si peu de vous qu’il faut bien me donner ce plaisir comme compensation.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 164-165
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

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