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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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18 novembre [1838], dimanche, midi ¼

Bonjour mon cher petit bien aimé. Vous ne méritez pas un si bon bonjour que ça, après les avanies que vous me faites. Je ne sais ce qui me tient que je ne vous fais pas une scène atroce. J’ai mes jalousies aussi moi, et qui pour être cachées et contenues n’en éclateront qu’avec plus de force un de ces quatre matins.
Je voudrais bien connaître la bêtise que le Joly et autres auront faite aujourd’hui. Pourvu qu’elle ressemble à celle d’hier, ce sera gentil pour l’avenir de ce pauvre théâtre. Je vous plains d’être si mal outillé, et je crains bien de ne pouvoir jamais m’en servir de ce triste théâtre, et de ces pitoyable directeurs [1]. Mais pour ce matin ce n’est pas là ce qui me tourmente ? Ce qui me tourmente, c’est vous. Je ne comprends pas du tout pourquoi vous ne venez pas depuis trois jours, et surtout pourquoi vous n’êtes pas venu cette nuit après tous les préparatifs que vous aviez faits. Je ne suis pas contente du tout, je vous en préviens, et je suis très inquiète de tout ce qui SE PASSE. J’ai la puce à l’oreille depuis que vous avez eu autre chose autre part. Je ne serai tranquille que lorsque je vous aurai vu et parlé. Je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 156-157
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette


Dimanche 18 novembre [1838], 5 h. ½ du soir

Voici la nuit mon cher adoré, et je ne t’ai pas encore vu. La journée m’a parua cependant bien mortellement longue, il est probable que si elle te faisait le même effet, tu ne me laisserais pas si souvent et si longtemps seule. Je ne t’en veux pourtant pas, mon bien-aimé, car je sais qu’à ton indifférence s’ajoutentb des affaires sans nombre, et de plus en plus importantes. Aussi je ne t’en veux pas mais je regrette que tu n’aies plus cette bonne ardeur d’autrefois, qui faisait que tu satisfaisais à tout, aux besoins de l’amour, et aux affaires.
J’ai vu Lanvin tantôt, il venait me remercier du billet que nous lui avons donné et en demander d’autres quand tu en auras. J’attends Mme Pierceau ce soir, cependant le temps est bien mauvais. Si j’ai le bonheur de souper avec toi, je ne dînerai pas avec elle.
Je suis bien triste mon Toto, mais je t’aime. Tu es mon beau et bien aimé petit homme. Je t’adore, je suis jalouse depuis hier [de  ? et  ?] cette sale et monstrueuse chose que tu as faite, me revient comme un [indien  ?] ou comme un cauchemar.
Je t’aime de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 158-159
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

a) « parue ».
b) « s’ajoute ».

Notes

[1Joly et Villeneuve.

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