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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 novembre [1838], mardi après-midi, 4 h.

Bonjour mon bon petit homme chéri, bonjour mon adoré. Je t’écris de mon lit, dans lequel je reste pour me reposer un peu, car j’ai une courbature rancie qui me fatigue depuis plusieurs jours.
Je pense à toi avec amour et joie. Tu es ma vie et mon bonheur. N’oublie jamais notre réconciliation de cette nuit, dans laquelle, moi, j’ai apporté tout ce qui prouve l’adoration et tout ce qui en garantit la sincérité. N’oublie jamais non plus que c’est moi qui t’ai rappelé dans le moment où tu étais le plus ingrat et le plus cruel des hommes. N’oublie pas que tu es plus que ma vie. N’oublie rien de cette douce et triste soirée que les mensonges féroces que nos bouches prononçaient en dépit de nos pauvres cœurs. Soyons heureux puisque nous nous aimons, et pardonnons-nous des torts qui proviennent de [l’eau  ?]-même de notre amour.
Quant à moi, c’est le cœur sur les lèvres, et l’amour dans les yeux que je te remets tes péchés, et c’est à genoux que j’attends L’ABSOLUTION de tous les miens.
Quand te verrai-je mon adoré petit Dieu ? J’ai bien besoin de tes baisers.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 142-143
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette


13 novembre [1838], mardi soir, 6 h. ¼

Mon cher petit homme, c’est une surprise bien agréable que vous venez de me faire, et à laquelle je ne m’attendais certes pas. Pauvre adoré, merci, merci du bonheur que tu me donnes ce soir en passant la soirée avec moi. Je ne tiens pas du tout à aller au spectacle. Plus nous serons à nous, et plus je serai heureuse. Aussi, je n’ai fait aucun choix parmi les nombreux théâtres où nous avons NOS entrées. Je t’aurais écrit tout de suite si je n’avais pas craint que tu viennes avant que je sois prête. Maintenant je me livre d’abondance à ma manie, celle de te dire que je t’aime de toutes mes forces et de tout mon cœur. C’est qu’aussi c’est bien vrai. Si tu pouvais voir au dedans de moi ce qui s’y passe, tu ne serais plus jamais inquiet ni jaloux, mais le plus heureux des hommes.
Je t’aime, mon Toto chéri, je t’adore mon bien-aimé, crois-le bien car c’est la pure et sainte vérité, et je veux qu’il nous arrive tous les malheurs du monde, si je ne suis pas la plus loyale, et la plus sincère des femmes quand je te dis que je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 144-145
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

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