Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1838 > Octobre > 2

2 octobre [1838], mardi, midi ¼

Puisque vous me donnez du temps, mon amour, je vais l’employer à vous écrire. Je serai toujours trop tôt prête car il est probable que vous ne viendrez que tard, si vous venez. Je viens d’envoyer à la poste la lettre de M. [Bouniol  ?]. J’ai bien mal à la tête et envie de dormir, pour un rien je me coucherais pour tout à fait. À propos de cela je vous ferai remarquer que je sais très bien me lever quand je vous embête. Témoin ce matin. Ainsi ne vous gênez pas quand je vous ennuierai vous n’aurez qu’à dire un mot ou à faire un signe, je serai en bas du lit en une seconde. Jour Toto papa est bien I. J’ai mal à la tête moi c’est moins amusant.
Je vous défends de mettre votre bel habit, tiens, j’ai pas besoin, moi, que vous mettiez votre habit couleur de soleil quand moi je me promène dans ma peau d’âne, pas vous [dessina]. Je ne le veux pas, entendez-vous bien, je ne le veux pas. Il paraît que votre répétition a lieu tout de suite puisque vous ne venez pas. Vieux sournois, vous le saviez bien, c’est pour cela que vous n’êtes pas venu. Taisez-vous.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 3-4
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

a) Autoportrait de Juliette avec sa peau d’âne :

© Bibliothèque Nationale de France

2 octobre [1838], 10 h. ¼

Je vous écris sur du papier fameusement écolier, mon cher petit homme, et bien tard encore parce que nous avons dîné excessivement tard. Vous êtes bien bon et bien ravissant, mon cher petit homme, vous m’avez bien fait sortir. Si vous étiez bien avisé, vous viendriez très tôt me chercher. D’ailleurs je ne suis tranquille que lorsque je vous ai dans mon GIRON. Je vous trouve trop beau pour mon malheur. Je vous aimerais mieux vieux, laid et bête et que personne ne puisse pas vous regarder, que de vous savoir si brave, si jeune et si éblouissant que vous l’êtes. J’ai bien mal à la tête, allez, mon petit homme chéri. Je n’y vois pas, j’ai mal au cœur, j’ai le frisson, je suis très malade. Jour mon petit o, jour mon grand To. Papa est bien i. Bonjour Papa, vous m’administrerez le remède ce soir, JE LE VEUX, JE LE VEUX. En attendant je vous désire, je vous attends, je vous aime et je vous adore. J’ai écrit une lettre à Mme Kraft pour lui demander son volume et pour lui parler des loges. Je vous attends de pied ferme et de cœur tendre.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 5-6
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne