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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 21 février 1856, jeudi matin, 10 h.

Bonjour, mon bon cher petit homme, bonjour, comment vas-tu ce matin ? Moi je vais tant bien que mal en souffrant beaucoup de mon pauvre bras. À ces douleurs si vives se joint l’inquiétude d’une crise générale qui me clouerait pour quelques mois dans mon lit et sans médecin au fait de mon organisation pour me tranquilliser et me guérir. Aussi je suis toute triste ce matin en me sentant prise sérieusement par ce hideux mal de l’hiver. Mais c’est assez de souffrir sans t’ennuyera de mes jérémiades diafoiriques [1]. Je viens de mettre un franc sous enveloppe pour la citoyenne Bourillon, voulant éviter la corvée de la visite si je peux, ce à quoi elle ne paraît pas se prêter beaucoup si j’en juge d’après son insistance d’hier. Du reste sa misère est de celle qui inspire le moins de sympathie quand on est édifiée comme moi sur les habitudes de paresse et de godaillerie de ce ménage démocratique. Ce n’est pas une raison pour ne pas les aider dans l’occasion à ne pas mourir de faim, mais c’en est une pour moi très raisonnable de les tenir à distance. C’est ce que je vais faire ce matin sans manquer à la charité. Mon petit Toto, je t’aime malgré tous mes maux que j’oublie dès que je te vois.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16377, f. 66
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Chantal Brière

a) « ennuier ».

Notes

[1Néologisme formé sur Diafoirus, médecin ridicule dans Le Malade imaginaire.

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