13 janvier 1856

Guernesey, 13 janvier 1856, dimanche après-midi, 3 h.

Bonjour, toi que j’aime, bonjour, je t’attends de pied en QUATRE. Je ne sais pas ce que sera votre troisième chef-d’œuvre, mais jusqu’à présent je m’en tiens à mon premier choix ne pouvant pas prétendre à TOUS, ce dont je me plains dans mon forT intérieur. Il ne [mot manquant ?] pas d’un autre côté que la passion de l’Ermitage vous empêche de profiter du formidable vent qui souffle et que vous ne me fassiez pas sortir un peu par ce froid de loup. C’est bien le moins que vous me fassiez jouir de temps en temps de tous les agréments de l’hiver carabiné. Oui, mon cher petit homme, je ne demande dans ce moment-ci qu’à me faire enlever mes jupes par-dessus les moulins pourvu que ce soit avec toi. Je suis prête à te servir de cerf-volant pourvu que tu veuilles bien tenir la ficelle. En attendant je grelotte comme un pauvre chien galeux. Je ne me suis pas encore approchée du feu aujourd’hui mais dès que j’aurai fini mon pauvre petit gribouillis j’irai me réchauffer. Je m’épêche de te donner des brassées d’amour et des monceaux de baisers dont tu pourras faire ce que tu voudras même de la ouate pour ton bon petit cœur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16377, f. 15
Transcription de Christelle Rossignol assistée de Chantal Brière