7 avril 1857

Guernesey, 7 avril 1857, mardi soir, 6 h.

Grâce à votre misteck [1] voilà mon Biffsteack en retard et Dieu sait quand je dînerai aujourd’hui. Pour comble de guignon j’ai une faim Caniche doublée d’un mal d’estomac de Loup. Mais c’est égal je vous pardonne et même je vous ordonne et même je vous bénis. Soyez heureux et n’ayez pas beaucoup d’enfants…. qui vous ressemblent car il ne resterait aux Jujus futures^a que les yeux pour pleurer…….. leurs bibelots engloutis^b par ces voraces de races mais de peu de délicatesse. Du reste comment les trouvez-vous ? Comment vous trouvez-vous et comment me trouvez-vous dans cette pose pleine de grâce^c ?
Maintenant il reste encore la PEAU mais pour les mâles s’adresser pour les voir, ne pas lire les AVOIR à Hauteville House. Il n’y a pas de mal à ça au contraire c’est ce qui fait que je vous redonne ma bénédiction et la manière de vous en servir. Quant à la Suzarde elle est furieuse et je crois qu’elle va me donner son compte. Voilà le plus clair de mon bénéfice mais je suis heureuse et vous ?

Juliette

Collection particulière / Musée des Lettres et Manuscrits (Paris), 62260 0006/0008
Transcription de Gérard Pouchain
[Charpentreau]

a) « futurs ».
b) « engloutits ».
c) La phrase est complétée par un dessin : on n’arrive pas à identifier ce que Juliette Drouet offre à Victor Hugo.

« coll. privée / Musée des lettres et manuscrits, Paris. »